Chose promise, chose due : voici un bref rappel de l’importance de Waitangi dans l’histoire néo-zélandaise.
6 février 1840, Traité de Waitangi : « l’acte de naissance » de la Nouvelle-Zélande en tant que nation.
Ce traité fut signé entre la Couronne Britannique et les chefs tribaux Maoris, accordant la souveraineté du Royaume-Uni sur le pays. En échange, il était promis aux Maoris une protection, et l’égalité de fait avec les colons au niveau du droit, tous se voyant attribuer la citoyenneté britannique. Malheureusement, quelques différences notables* entre la version anglaise et la version maorie du texte furent sujets à controverse, tout comme les acquisitions de terre par les britanniques, la notion même de propriété étant vraisemblablement alors inconnue des Maoris. Le traité n’empêchera d’ailleurs pas les confiscations de terres par les colons, entraînant dans les années 1860 les guerres du Taranaki et du Waikato entre Maoris et Pākehā (non-maoris).
Ce n’est qu’en octobre 1975 que fut mis en place le Tribunal de Waitangi, chargé de juger les violations évidentes du traité.
* Les approximations de traduction de l’époque concernent essentiellement la « souveraineté » et la notion de terre. Alors que la version anglaise parle d’une souveraineté totale de la couronne, la version maorie se traduirait plutôt par la mise en place d’un gouvernement. De même, alors qu’il est spécifié en anglais que les terres que les maoris souhaitaient vendre seraient préemptées par la Couronne, le mot whenua fut choisi pour qualifier le terrain. Hors, aux yeux des maoris, ce mot signifie aussi « le placenta de la Terre Mère » : ceux-ci pensaient davantage à une autorisation donnée aux Pākehā (européens) de cultiver la-dite terre, sans pour autant se l’approprier définitivement -et pour cause, le peuple étant lié à la terre-mère par ce qu’on peut imaginer être proche de la notion de cordon ombilical.
Aujourd’hui, il est reconnu que le traité doit être lu dans les 2 langues pour être complet.
[Rendez-vous p. 44 de ce document pour lire les deux versions dans leur traduction française]
Waitangi Treaty Grounds
C’est pour en apprendre davantage que nous nous rendons aux Waitangi Treaty Grounds. Pensez bookme, pour une entrée à $24 au lieu des $40 demandé pour les non-résidents néo-zélandais.
Il est proposé une « performance culturelle », un spectacle comportant des chants et réalisée par une troupe de Maoris qui habite les lieux. La performance se tient au sein-même de la Te Whare Rūnanga, qui a tous les attributs d’une marae (maison de rencontre) : chaussures interdites donc, mais on en profite pour admirer l’intérieur de ces lieux similaire donc à ce dont dispose chaque village avec une communauté maorie.
La visite guidée est très relativement intéressante : déjà, parce qu’on ne comprend pas tout -loin s’en faut-, et puis parce qu’elle aborde surtout la construction récente du waka (canoé) de 35 mètres qui est mis à l’eau chaque année le 6 février, et la ville voisine de Russel que l’on distingue de l’autre coté de la rivière.
Y est quand même évoquée l’histoire de ce qui est considéré comme le premier drapeau de Nouvelle-Zélande. En effet, en 1835, 5 ans avant le traité de Waitangi, les bateaux construits sur le territoire (donc tous les bateaux maoris) n’était pas reconnu comme tels, entraînant leur confiscation pure et simple lors de passages à Sydney… Inacceptable pour les maoris, il leur a donc été proposé de battre un pavillon spécifique, ce que 25 chefs ont accepté et choisi parmi celui qui est devenu le drapeau officiel des « Tribus unies » avant le traité de 1840. Hé oui, le traité rattachant la Nouvelle-Zélande à l’Empire britannique, ce drapeau éphémère fut remplacé dès lors par l’Union Jack. Cependant, n’ayant jamais été officiellement retiré, certains bateaux sur Bay of Islands continuent de l’arborer encore aujourd’hui !
La Waitangi Treaty House, lieu d’habitation de James Busby (qui contribua à convaincre des chefs Maori de créer les « Tribu unies »), a ensuite servi de lieu de rédaction du traité, et peut également se visiter.
Un film de 20 minutes est également proposé afin de comprendre les origines de traité et le rôle du gouverneur Hobson -pas si évident alors que le pays n’était pas en guerre.
Enfin, le musée est plutôt intéressant, mais après 4h sur place la fatigue commence à prendre le dessus, avec des informations toujours uniquement en anglais et en maori. La première partie de l’exposition est consacrée à la rencontre entre deux peuples explorateurs, faisant le parallèle entre Kupe (personnage mythique maori ayant découvert Aotearoa avant de retourner chercher les siens) et Abel Tasman, puis entre James Cook et les explorateurs polynésiens. La seconde partie présente des fac-similés des documents officiels : naissance des Tribus Unies (entente entre quelques chefs maoris de l’Île du Nord), et forcément traité de Waitangi : ce qu’il reste de la version signée le 6 février 1840, et des copies qui ont ensuite circulé la même année dans tout le pays pour récolter davantage de signatures d’autres clans peuplant Aotearoa.
Malgré les guerres civiles des années 1860, alors que la population grandissante d’immigrants européen rattrapait en nombre la population maorie déclinante (du fait entre autres des maladies importées par les-dits européens) pour s’établir à environ 60 000 âmes de chaque coté, l’Histoire retiendra donc 1840 pour l’acte qui aura défini Pākehā et Maori comme un seul peuple, vivant sur ce qui est aujourd’hui Aotearoa New Zealand.
Pour une histoire de drapeaux
Profitons de cet article pour parler drapeaux (sans aller jusqu’à imiter Sheldon Cooper) !
On l’a vu, le premier drapeau du pays fut celui choisi en 1935 par les Tribus Unis de Nouvelle-Zélande, conçu pour que les bateaux puissent disposer d’un pavillon. [plus d’infos]
En 1840, le pays faisait partie intégrante de l’Empire Britannique, et ne disposait donc plus de drapeau propre. L’Union Jack a ainsi flotté de 1840 à 1902.
Le drapeau actuel a été choisi en 1902 : le bleu représente la Royal Navy, les 4 étoiles rouges représentent la Croix du Sud (constellation visible uniquement dans l’hémisphère sud), et l’Union Jack représente le passé comme colonie puis dominion britannique. [source]
Les navires marchants disposent eux d’une version rouge du drapeau comme pavillon : le rouge remplace le bleu (sauf pour l’Union Jack), et les étoiles de la Croix du Sud sont blanches. Les navires militaires affichent eux une version blanche.
Il existe également un drapeau national Maori depuis 1990. [plus d’infos]
En 2016, un référendum a eu lieu après un long processus de choix pour désigner un drapeau pouvant permettre de remplacer celui de 1902, jugé à la fois trop proche de celui de l’Australie et plus adapté à l’indépendance actuelle du pays vis-à-vis du Royaume-Unis. D’abord, il a été choisi parmi 5 finalistes lequel rivaliserait avec le drapeau courant. Puis a eu lieu la décision finale.
Les 67% d’électeurs s’étant déplacés ont pourtant voté à près de 57% pour conserver l’ancien drapeau. [source] Ce qui n’empêche pas de voir parfois flotter le (pourtant très réussi) perdant sur quelques fenêtres durant notre périple…
coucou les aventuriers! ha et bien Olivier tu a beau tirer la langue, tu ne rivalises pas avec les Maori lol! et toi Amandine tu n’arrives pas a faire la même grimace que les femmes Maori comment ce fait t’il lol mais cette une jolie photo.