Nous n’avions pas encore passé véritablement de temps dans la région du Waikato (hormis une journée aux Waitomo Caves en tout début de voyage). Il faut dire que la région présente peu d’intérêt touristique : en-dehors des Grottes de Waitomo précitées et d’Hobbiton prêt de Matamata, lieu de passage obligé pour tout fanatique des films de Peter Jackson, éminemment connu mais absolument hors de prix (nous blasphémons peut-être le parcours du touriste moyen, mais non, nous n’irons pas !), seules sont parfois mentionnées :
- Hamilton et son célèbre jardin botanique ;
- Raglan et ses plages renommées dans le monde des surfeurs.
Et bien, allons vérifier ça pour nous même ! (mais pas en mode surfeur).
En premier lieu, la route depuis l’ouest d’Auckland (SH 20 puis SH 1) nous provoque une sensation étrange : parmi les rares 4 voies du pays, similaires à ce qu’on pourrait appeler chez nous une autoroute, nous n’en avions vraiment plus l’habitude !
Lorsque la route se resserre et continue sur une voie, traversant les plaines et collines de la région du Waikato, une autre sensation nous envahit : nous ne pouvons nous empêcher de penser aux forêts primitives qui se tenaient en ces lieux il y a encore 150 ans, ainsi qu’autres terres maories confisquées, pour y faire paître les moutons par millions (-et ce même si les-dits moutons sont aujourd’hui très mignons !).
Raglan
Bienvenue au paradis des surfeurs ! Après une rapide traversée du village, petite station balnéaire du bord du mer qui semble relativement agréable -du moins en ce début d’hiver- nous nous dirigeons vers Manu Bay, plage où se côtoient nombre de surfeurs lorsque les vagues le permettent.
Et en ce jour, ils sont quelques-uns dans les eau de la Mer de Tasman ! Touristes ou locaux, nous ne savons pas, mais vu la côte rocheuse toute proche il ne s’agit pas de débutants. Nous assistons donc au spectacle quelques instants, en profitant également de la vue sur la baie.
Puis, nous nous dirigeons avant la nuit aux Bridal Veil Waterfalls, des chutes d’eau dont nous n’avions pas connaissance la veille encore, mais qui sont les plus hautes de la région du Waikato avec 55 mètres de haut. Impressionnantes ! 10 minutes de marche (dont quelques escaliers oscillant entre boue et pataugeoire en raison des pluies de ces derniers jours) dans une forêt bordée de Nikau et, bien sûr, de Tree fern, avec 3 points de vue : d’en haut, du milieu, et d’en bas. À faire si vous êtes dans la région, malgré les 13 km de détour depuis la route principale (SH 23).
L’eau dans la mythologie Maori
Saviez-vous que toutes les eaux du monde sont en fait issues de de la séparation de Ranginui (Le Ciel) et Papatūānuku (La Terre) ? Ces derniers vivaient dans les ténèbres, Te Pō. Alors que leurs enfants ressentaient comme une frustration de vivre coincés entre eux dans la pénombre perpétuelle, ils conspirèrent dans le but de séparer leurs parents. Cette tâche incomba à Tane, dieu de la forêt, créant ainsi entre eux un monde de lumière au milieu des ténèbres.
C’est ensuite que les enfants de Ranginui et Papatūānuku donnèrent naissance à leurs propres enfants, entre autres : les oiseaux, les poissons, le vent et l’eau.
Une autre version considère que l’eau sur Terre fut le produit des larmes de Ranginui, à jamais inconsolable.
Hamilton
À seulement 130 km au sud d’Auckland se trouve Hamilton (Kirikiriroa de son nom maori), la 4ème plus grande agglomération du pays après Auckland, Christchurch et Wellington. La ville est traversée par la Waikato River, rivière forcément importante pour les européens comme pour les maoris puisqu’elle offre un accès à la côte et à la Mer de Tasman -de l’autre coté, elle provient du lac Taupo et traverse les Huka Falls.
Commençons par le Waikato Museum (Te Whare Taongo o Waikato). Passé les 50 minutes d’enfer à trouver une place de parking (non pas que les parkings manquent à Hamilton, juste qu’ils ont chacun environ 5 places non-réservées…) et nous entrons dans ce petit musée dont l’entrée est gratuite -sauf pour une exposition temporaire consacrée à la vie avant les dinosaures, que nous ne ferons donc pas. Le musée se visite cependant assez rapidement puisqu’on en fait le tour en environ 1h.
Coté expo permanente, un grand waka de guerre finement sculpté et restauré trône de toute sa longueur au bout du musée, symbole des déboires des tribus maori du Waikato face aux Pakhea dans les années 1860.
Mais ce sont surtout deux petites expo temporaires très intéressantes qui ont satisfait notre visite. La première, Selling the Dream : Classic New Zealand Tourism présente les grands posters publicitaires vantant les mérites d’un séjour touristique en Nouvelle-Zélande, de la création du ministère du tourisme peu après 1900 jusqu’au début des années 1960. À l’époque où la télévision n’existait pas et où la photographie couleur était encore bien rare, ces grands posters étaient les meilleurs moyens de vanter un séjour à l’autre bout du monde… sans compter que les voyages en avion étaient bien rares eux aussi : prévoyez donc un passage par le Canal de Panama pour les (relativement) moins fortunés. On ne pourra s’empêcher de songer qu’au moins, à l’époque, le pays était doté d’un vrai réseau ferroviaire ! Il est aussi très intéressant de noter l’évolution de la représentation des personnages maoris sur ces affiches, puisqu’à compter de l’après-guerre il convenait de le présenter sous des traits plus respectueux que ce qui était parfois osé auparavant…
Une mini-exposition temporaire présentait également des objets commerciaux dédié à Matariki, le nouvel an Maori (basé sur le cycle lunaire) : éditions annuels de timbres postaux, décors de canettes de boissons, publicités, programmes de festivals, etc. Et une réflexion globale sur les fêtes du nouvel an dans un pays multi-culturel tel que la Nouvelle-Zélande : entre polynésiens, européens et asiatiques, quel est encore le sens du concept de « nouvelle année » ?
Les jardins d’Hamilton Gardens sont célèbres dans tout le pays. Découpés par grands thèmes, nous sommes dans un premier temps assez circonspects devant les jardins chinois et japonais, assez pauvres en ce début d’hiver. C’était sans compter sur la suite ! Le jardin Indien, le jardin de la renaissance italienne, le jardin maori et le jardin des Tudors nous en mettent véritablement plein les yeux ! D’autres jardins plus conceptuels ou fantaisistes sont en cours d’élaboration, et nous aurions été bien curieux de pouvoir revenir d’ici quelques mois. Nous finissons sur une petite sculpture fort bien réalisée des principaux personnages d’Alice in Wonderland (Alice au Pays des Merveilles) : Alice, le chapelier, et bien sûr le lièvre !
Aller, une citation de circonstance : « Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quelle route vous y mènera ». Lewis Caroll
Le soir, nous retrouvons pour un verre un ami de licence d’Amandine, dont la copine est néo-zélandaise et qui a immigré ici voici un peu plus de 2 ans. Quand même, il était temps de passer le saluer ! Au passage, celui-ci nous rend un fier service : il accepte de stocker l’une de nos valise chez lui pendant 1 mois (entre fringues inutiles, livres déjà lus et papiers-souvenirs) : après la vente de la voiture, ce sera plus simple pour circuler !
En bref, si Hamilton n’est peut-être pas une étape touristique primordiale, elle semble cependant être une ville plutôt agréable à vivre au quotidien ! Il n’est pas inintéressant de faire un petit détour par la rue principale (Victoria Street) qui longe la Waikato River et par la grande Garden Place avant ou après le passage par les Hamilton Gardens afin de s’imprégner un peu de ce que peut être une grande ville à la néo-zélandaise.