Vagues et villages sur la péninsule de Bonavista

La péninsule de Bonavista, l’une des plus grosses péninsules de la côte est de Terre-Neuve, sépare la Baie de Bonavista au nord de la baie de Trinity au sud. Outre être le lieu de villégiature des citadins de la capitale St. John’s, à environ 3h30 de route, elle est connue pour avoir probablement accueillie en 1497 l’explorateur italien Giovanni Caboto, au service du roi anglais Henri VII (dit John Cabot en anglais, ou Jean Cabot en français). En apercevant la côte, celui-ci se serait écrié : « O buon vista! ». Il serait ainsi le premier européen à poser le pied à Terre-Neuve depuis les Vikings. Une reproduction de son navire est visible en été dans le port de Bonavista.

Le village de Trinity

Nous débutons notre périple à Trinity, petit village quasi-désertique en cette saison. Le fort vent du nord ne doit pas aider 😉

Dans les rues de Trinity
Trinity. L’église Most Holy Trinity (1833) et l’église Anglicane Saint-Paul (1892) se trouvent toutes deux sur Church Road

Nous montons quand même sur le sentier Gun Hill Trail, qui offre un point de vue englobant tout le village ainsi que le phare de Fort Point et la baie de Trinity.

Trinity depuis le Gun Hill lookout

Trinity Bay et les falaises de Skerwink

Faisant face, de l’autre coté du havre, se trouvent les falaises de Skerwink. La boucle du Skerwink Trail (5,3 km) permet de parcourir la falaise, offrant d’abord une vue sur Port Rexton et la Robinhood Bay, sur les Skerwink Rock, puis sur le village de Trinity. Bien que le début soit un peu longuet, on atteint vite des points de vues très sympathiques, et une végétation extrêmement changeante sur un si petit parcours. En prime, le CCGS Ann Harvey de la Garde-côte canadienne mouille dans les eaux alors que le ciel commence à s’éclaircir.

Skerwink Rocks
Skerwink Trail
Skerwink Rocks
Le CCGS Ann Harvey mouille dans Robinhood Bay

Arch Rock (Little Catalina)

Quelques kilomètres plus au nord se trouve la municipalité de Trinity Bay North, dont fait partie le village de Little Catalina. Comme le montre leur blason, c’est là que se trouve le Arch Rock, du nom de ce rocher où l’océan a creusé plusieurs arches. Par chance en ce jour, la marée haute et le fort vent amplifient le mouvement impressionnant des vagues alentours. Ne parlons pas de celles qui s’engouffrent sous l’arche principale, ni de celle qui atteignent presque le haut du rocher. Un endroit exceptionnel à une vingtaine de minutes de marche seulement, après avoir traversé une forêt d’épinettes au sol recouvert de mousse.

Arch Rock Trail
Arch Rock
Arch Rock trail

La côte abrupte d’Elliston et de Spillars Cove

Bien qu’essentiellement connu pour abriter une colonie de macareux à partir de la mi-mai, nous partons pour Elliston. Il s’agit également de la capitale mondiale autoproclamée des root cellar, sorte de caveaux dressé sur de petites collines et conçus pour le stockage des légumes à racine (pommes de terre, carottes). Ainsi, ceux-ci restent au frais en été, et à l’abri du gel en hiver. La moitié des 130 root cellar recensés à Elliston sont toujours utilités de nos jours !

Un root cellar à Elliston

Évidemment, pas de macareux à l’horizon en ce dernier jour d’avril. À la place, un fort vent qui génère d’impressionnantes vagues qui viennent s’écraser contre la paroi rocheuse. Si nous n’avions pas peur de finir congelés, nous aurions pu rester des heures à les contempler !

Elliston
Elliston avec en prime un petit iceberg
Elliston

Un peu plus loin se trouve Spillars Cove. Un court sentier permet d’approcher le bord de falaise, qui est tout simplement majestueux. On ne change pas une équipe qui gagne, le vent et l’océan l’ont bien compris : les vagues de plusieurs mètres de haut sont presque envoutantes.

Spillars Cove
Spillars Cove
Spillars Cove

Parc provincial de Dungeon

Le minuscule parc de Dungeon est peut-être l’un des sites naturels les plus célèbres de Bonavista. La curiosité principale du site est son rocher avec deux arches creusées dans la roche et un énorme trou central. Finalement moins impressionnants que les moins célèbres falaises escarpées à proximité, le site vaut quand même amplement les 5 minutes de détour.

Dungeon Provincial park
Dungeon Provincial park
Dungeon Provincial park

Malgré la grisaille, et peut-être encore davantage à cause d’elle, le bleu azur de certaines zones de l’océan ressort de manière étonnante.

Bonavista, entre histoire et vie moderne

Plus grande ville de la péninsule qui porte son nom avec un peu plus de 3 500 habitants, Bonavista est assez atypique. Cette petite ville doit combiner son coté historique et la vie quotidienne avec la géographie des lieux et le havre de Bonavista qui donne accès à l’océan. Au loin, on distingue immédiatement les deux châteaux d’eau -l’ancien jouxtant le nouveau- qui surplombent les bâtiments.

Le meilleur symbole du patrimoine est le Lieu historique national de l’Établissement-Ryan (Ryan Premises). Il s’agit d’une entreprise de « production » de morue ayant opéré entre 1857 et 1952 -et même jusqu’en 1978 pour la partie vente. La pêche côtière et son export, principalement vers l’Europe et Les Antilles, était le principal mode de subsistance des terre-neuviens aux XIXè et XXè siècles. Bien que le site soit fermé en cette période de l’année, il est possible de déambuler dans les lieux. Les panneaux explicatifs sont bien en place et n’ont pas été démontés pour l’hiver (une fois n’est pas coutume, merci !). On y apprend que les 5 bâtiments restants sont les deux magasins de vente, l’entrepôt pour le poisson, le hangar pour le sel, ainsi que la maison du propriétaire.

Ryan Premises National Historic Site

On s’éloigne ensuite à peine en direction du port.

Port de Bonavista. Au fond, la Loge 60 de l’ordre d’Orange
Port de Bonavista

Un peu plus loin, les restes rouillés d’un vieux train, ou plutôt de deux locomotives et d’un wagon, font aujourd’hui office de petit parc. Ces restes représentent les derniers éléments visibles de la ligne de train qui parcourait Terre-Neuve à partir de 1911, jusqu’à l’achèvement de la route Trans-Canada dans les années 1960. Le service de bus, plus rapide et plus fiable, a achevé l’histoire du train passagers dans la province en 1983.

Bonavista Railroad Display
Bonavista Railroad Display
Bonavista Railroad Display

On passe rapidement devant le monument hommage à Cabot et au hangar-musée qui stocke pour l’hiver la reproduction de son navire, pour se rendre dans le quartier historique de Mockbeggar. Construit autour du site historique provincial de la plantation Mockbeggar, une ancienne usine de poisson, le quartier résidentiel détonne par ses couleurs et ses constructions toutes différentes.

Si l’on doute toujours du lieu exact du débarquement de Giovanni Caboto en 1497, le rôle primordial de la morue dans le développement de la ville dès 1700 et jusqu’au début du XXè siècle est indubitable ! Précisions quand même que le moratoire fédéral interdisant la pêche à la morue, entré en application en 1992, n’a toujours pas permis un retour à la normale des populations victimes de la surpêche durant 5 siècles, et décimées par les techniques modernes développées durant les années 1960… L’interdiction avait alors entrainé la perte de 30 000 emplois rien qu’à Terre-Neuve !

Bonavista
Bonavista
Bonavista

Le phare de Cape Bonavista

À l’extrême nord de la péninsule se dresse le phare du Cap Bonavista. Devenu site historique, ce phare a opéré de 1843 à 1962. Aujourd’hui, la corne de brume attenante résonne régulièrement, sous le vacarme des vagues qui viennent se fracasser de toutes leurs forces contre les rochers qui osent les défier.

Cape Bonavista lighthouse

La statue de John Cabot / Giovanni Caboto observe de loin l’agitation des vagues et des quelques voitures qui vont et viennent (la plupart sans que leurs passagers ne sortent affronter le vent). Le sentier rocailleux qui court du phare à la statue est à faire impérativement. 5 minutes de marche le long d’une végétation qui essaye de pousser, encadrés par des petits étangs vestiges de la fonte des neiges et des pluies. Les vagues sont plus hautes que jamais et l’eau salée nous parvient jusqu’au visage (et aux lunettes, moins pratique).

Cape Bonavista
Cape Bonavista

De notre coté, il est déjà temps de quitter la péninsule de Bonavista après seulement 2 jours. Finalement suffisant pour ces journées où le vent nous épuise rapidement, mais il semblerait intéressant de profiter davantage des randonnées en bord de falaises si l’on revient lors d’une saison où l’herbe verte montre ses brins !

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