Quitter Terre-Neuve pour la Nouvelle-Écosse ne peut se faire autrement à cette période de l’année qu’avec le ferry qui part de Channel-Port aux Basques, à l’extrême sud-ouest de l’île. Tant qu’à parcourir 800 km, nous nous autoriserons plusieurs arrêts en route ! Pas vraiment planifiés, certains s’avéreront de très bonnes surprises 🙂
Un iceberg sur la route de l’ouest…
Petit détour de 10 minutes décidé le matin même : selon icebergfinder.com, un iceberg a été repéré à Springdale ! Cela nous permettra de couper un peu cette journée de 5h30 de route par une pause bienvenue. En plus, le petit village en lui-même est plutôt mignon pour y déambuler. Surprise, l’épave du MV Capt Earl W Winsor, l’ancien navire qui assurait la liaison vers Fogo Island, attend on ne sait quelle échéance sur le port.
Autre arrêt, prévu cette fois : Deer Lake. Finalement, la ville au bord du lac du même nom est plus charmante que ce qu’on pourrait croire lorsqu’on ne fait qu’y passer. La plage au bord du lac est mignonne, avec vue sur les sommets enneigés au fond, quelques mouettes qui braillent, et des tables de pique-nique. Même la centrale hydroélectrique sur l’une des rives ajoute un certain cachet.
Bay of Islands : Lark Harbour et Parc Blow Me Down
Un peu en retrait de la route 1 ou T.C.H. (Trans Canada Highway), à 50 km et autant de minutes de Corner Brook, se trouve la communauté de Lark Harbour (522 habitants). Nous nous rendons à Bottle Cove, d’où un court sentier quitte la plage en direction du bout de la péninsule. Compter moins de trente minutes pour profiter de points de vue sur les trois anses qui plongent à pic dans les vagues du Golfe du St-Laurent.
Ce sentier est une nouvelle occasion de célébrer James Cook qui, rappelons-le, fit ici ses armes de navigateur en tant que cartographe, ceci avant que sa carrière n’évolue telle qu’on la connait. Il s’agissait alors de bien délimiter les secteurs de l’ouest de Terre-Neuve afin de faire cesser les incursions des pêcheurs français dans les eaux anglaises !
Juste avant Lark Harbour, le Parc Provincial Blow Me Down est un incontournable du secteur. Le sentier de randonnée dit Tortoise Mountain Trail (ou Lark Harbour Head Trail, ou encore James Cook Heritage Trail, tout ça c’est pareil ^^) offre de superbes points de vue sur Bay of Islands, les sommets environnants, ainsi que les communautés de Lark and York Harbours. En ce début mai, il faut compter 10 minutes de marche supplémentaire avant le début de la randonnée puisque la barrière closed for season empêche l’accès en voiture. La première partie se déroule entièrement sur une passerelle en bois, et est très facile malgré les nombreux escaliers. Après le premier point de vue, nous continuons un peu, sans pour autant parcourir l’intégralité des 5 km du sentier qui descend puis remonte. Il est possible de terminer (ou de débuter!) par le Governor’s Staircase qui, moyennant quelques marches et 2 minutes supplémentaires, fait passer sous la falaise et permet l’accès à une plage de galets.
Un dernier crochet par la chute d’eau de Copper Mine Falls à York Harbour, peu avant le mignon petit port de Frenchman’s Cove, et il est déjà temps de quitter cette communauté qui mériterait sans doute qu’on s’y attarde davantage afin de profiter au mieux des randonnées offertes. Dans une saison où l’herbe est verte, peut-être ? 😉
La Péninsule de Port-au-Port
Nous avons peut-être raté Saint-Pierre-et-Miquelon, mais nous faisons halte sur la péninsule de Port-au-Port pour compenser ! Il s’agit en fait de la seule communauté de Terre-Neuve dont la descendance est majoritairement issus de francophones (français, mais aussi et surtout acadiens) .
La « boucle des ancêtres français » débute à l’isthme de Port-au-Port et mène au bout de la péninsule, à Cap-St-Georges, avant de revenir par La Grand’Terre et enfin Lourdes. Ces communautés présentent un aspect ambiguë, à la fois à l’écart du monde face au Golfe du St-Laurent, mais finalement peut-être moins authentiques que les villages du nord.
Après une rapide mise en bouche au niveau des Hiddens Falls au bord de la route 460, nous profitons essentiellement du Parc Boutte-du-Cap et du sentier au départ de l’isthme de Port-au-Port.
Contrairement à ce qu’un québecois penserait spontanément, le vocable de « Boutte-du-Cap » ne provient pas du bout de la péninsule, mais de boot en anglais : la botte. Et, quant on voit la forme que prend le rocher plongeant dans l’eau bleutée, on comprend immédiatement. Pas d’exagération ici, c’est bien une botte géante qui défie les mouettes !
Le sentier Danny / The Gravels, qui part de l’isthme de Port-au-Port pour longer la côte sur 3,5 km, se parcours en à peine plus d’une heure aller-retour. Il serait dommage de ne pas profiter des lieux qui, lorsque le soleil se montre, nous dévoile son bleu azur coté mer, et ses rochers aux formes étonnantes coté terre. Les arbres pliés face au vent, communément appelés tuckamore sur Terre-Neuve, ajoutent un peu de verdure et de formes au rivage. Il s’agit en réalité de pins ou de sapins aux formes étonnantes, dont la pousse a été conditionnées par les vents et les marées. Sentier à faire, sans aucun doute !
Enfin, l’église Our Lady of Mercy, le plus grand édifice en bois de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, fut érigé entre 1912 et 1914. Impossible d’y entrer ce jour, mais l’extérieur mérite amplement les quelques secondes de détour !
Retour vers Stephenville pour la nuit, une ville de 7 000 habitants, porte d’entrée de la péninsule, sans aucun intérêt autre qu’y faire quelques courses !
Codroy Valley
Une belle surprise que le sentier dit Starlite trail à Codroy Valey. À seulement 30 minutes de Port aux Basques, cette randonnée aller-retour de moins de 5 km se parcours aisément en 2 heures, malgré le dénivelé. Passées quelques flaques de boue, la première partie court à travers la forêt, où chaque pierre est recouverte de mousse. Puis vient la portion qui monte, plus à découvert et donc en plein vent. Enfin, le sommet, qui offre des vues sur les montagnes Long Range au sommets enneigés. Un petit lac visible en contrebas, le golfe du St-Laurent que l’on aperçoit de l’autre, les montagnes qui filent et la végétation sur cailloux achèvent de compléter une vue imprenable. Sur le flanc opposé, quelques caribous blancs sont visibles comme autant de points qui déambulent ! Seules cicatrices sur le paysage, la route Trans-Canada Highway -qui nous a permis d’arriver- et la ligne électrique, mal nécessaire. Possibilité de se mettre à l’abri du vent au sommet si on se débrouille bien 😆
Channel-Port aux Basques
Si la cité de Port aux Basques en elle-même ne présente pas grand chose d’intéressant, elle est un point de passage obligée pour quiconque souhaite prendre le ferry en direction du Mainland, du continent. Direction North Sydney, en Nouvelle-Écosse, pour la suite de notre road-trip ! Notons quand même, à l’entrée de la ville, les restes d’un vieux train de la Newfoundland Railway. Quant on pense qu’il n’y a plus de réseau ferré depuis 1988…
Ferry vers la Nouvelle-Écosse
C’est sous un franc soleil, et un vent somme toute raisonnable, que le 10 mai à 11h45 (heure de Terre-Neuve) nous montons à bord du MV Atlantic Vision de Marine Atlantique. Nous franchissons à son bord le Détroit de Cabot, le plus large des trois points d’échange entre les eaux du Golfe du St-Laurent et l’Océan Atlantique -110 km en son point le plus étroit quand même.
Arrivée à North Sydney avec une heure d’avance, 17h au lieu de 18h… heure de l’Atlantique. On remonte nos montres de 30 minutes, et c’est parti pour la suite !
Vous êtes tous mignon, avec ce beau caribou entre vous, il est sage au moin? Toujours de belles photos