Destination : Terre-Neuve. Partie intégrante de la province de Terre-Neuve-et-Labrador –Newfoundland and Labrador-, il s’agit aussi de la province la plus à l’est du Canada. À Terre-Neuve, on est plus proche de Paris que de Vancouver ! Ce n’est pas pour rien que les Vikings furent les premiers européens à débarquer ici dès l’an 1000.
En provenance du Québec, il nous faut d’abord traverser le détroit de Belle-Isle, l’un des deux seuls espace d’échange entre le golfe du Saint-Laurent et l’Océan Atlantique. Même s’il est peu large, avec seulement 15 km en sa partie la plus étroite, c’est par ici que passa Jacques Cartier lors de son premier voyage.
Traversier de Blanc-Sablon (QC) vers Sainte-Barbe (NL)
Plus modestement, nous prendrons simplement le traversier / ferry de Blanc-Sablon à Sainte-Barbe. Retour au port, là même où nous sommes arrivés dans cette partie à l’écart du Québec.
Le départ est prévu à 10h30 -heure de Terre-Neuve. Une petite conversion s’impose : 9h00 -heure du Québec. Il est requis de se présenter une heure avant, réveil un peu matinal donc. Mais, si le traversier Qajaq W (se prononce comme kayak) opéré par la compagnie Labrador Marine pointe le bout de sa proue à 8h45, il mettra ensuite près de 45 minutes à accoster : les glaces l’empêchent d’accéder au quai, et il doit s’y reprendre à trois fois à force d’avancer et reculer pour écarter et repousser les plaques récalcitrantes.
Le départ se fait finalement bien à 10h30… mais heure du Québec, soit 1h30 de retard. La traversée dure habituellement 1h45. Mais, ce jour-là, le ferry est seul, pas de brise-glace en accompagnement. Il faut dire que le Qajaq W est conçu pour naviguer en autonomie sur des glaces jusqu’à 80 cm d’épaisseur. Ce qu’il parvient à faire, malgré des bruits et des petits chocs. Évidemment, la vitesse de navigation s’en trouve réduite, et la traversée durera finalement 3h30 !
Nous en profiterons pour revoir quelques dizaines de phoques étendus sur la glace. Rien à voir avec le trajet aller à bord du Bella Desgagnés, mais on profite quand même de ces animaux bien mignons.
Route vers St. Anthony
Nous passerons la nuit au nord de Terre-Neuve, dans la ville de Saint Anthony, principal centre urbain de la péninsule Great Northern avec… 2 500 habitants ! Compter 1h30 de route depuis Sainte-Barbe.
Nous nous autorisons un arrêt à Flower’s Cove : outre un phare visible au loin, deux très courts sentiers (respectivement 5 et 15 minutes de marche) permettent de voir des formations rocheuses. Le Thrombolite Walking Trail nous fait découvrir des pierres rongées par des bactéries unicellulaires primitives, il y a 3,5 millions d’années. Son voisin le White Rock Walking Trail nous amène autour d’un lac entouré de rochers érodés par les périodes glaciaires, où tentent tant bien que mal de pousser des espèces rares de plantes.
À St. Anthony, nous nous rendons à l’extrémité de la ville, à Fishing Point. C’est là qu’un petit phare se dresse. Un sentier longe également brièvement la côte, permettant de profiter des reflets de la fin de journée.
Carte : d’un site à l’autre
L’Anse aux Meadows : et vinrent les Vikings
L’Anse aux Meadows, un nom qui résonne de par le mystère de ce qu’il s’y est passé.
Les Sagas des Islandais, en particulier la Saga des Groenlandais et la Saga d’Erik le Rouge, nous racontent qu’il pourrait s’agir du mythique territoire de Vinland, où débarqua une expédition mené par Leif Erikson, le fils d’Erik le Rouge.
Ce qui est avéré, c’est qu’une colonie de peuple scandinave était installée en ces lieux autour de l’an mil (la datation suggère une arrivée entre 986 et 1022). On y a découvert des traces d’habitations, d’atelier de réparation de drakkars et de forges. On ne sait combien de temps sont restés ces Vikings, issus d’Islande et du Groenland : peut-être seulement quelques années. La découverte ne fut pas jugée importante à l’époque. Il est également possible que les contacts avec les autochtones déjà présents aient été infructueux en plus des terres peu propices pour faire vivre ce groupe de 60 à 90 personnes.
Une petite reconstitution est accessible malgré la fermeture du site à cette période de l’année. Un garde de Parcs Canada y a d’ailleurs laissé son matériel de déneigement 😉 . Malheureusement, aucune autre information n’est disponible sur place alors que le Visitor Centre est fermé. La reconstitution semble être faite de murs en tourbe et de toits en paille.
2 km plus loin, une autre reconstitution, Norstead, a été installée. Ouvert du 5 juin au 16 septembre, on n’en apprendra pas davantage en cette mi-avril, mais déambuler sur le site n’est pas dénué d’intérêt -malgré la pluie verglaçante qui se remet à tomber.
À l’écart, quelques bateaux attendent leur fin de vie.
Great Brehat
Seconde étape : Great Brehat. La neige tombe par intermittence, ne gâchant pas la vue pour autant. C’est plutôt le vent glacial qui nous contraindra à ne pas traîner malgré le paysage.
Goose Cove
Autour de la côte escarpée de la péninsule, le hameau de Goose Cove est le point de départ du sentier Pumley cove trail (1 km) qui offre des vues sur la baie. Nous l’élisons étape indispensable si l’on est de passage sur la péninsule de l’extrême nord-ouest de Terre-Neuve.
Toujours un grand plaisir de vous lire, de magnifiques photos, qu’elle belle aventure, profitez à fond de cette magnifique histoire, et qu’elle histoire !!! Gros bisous à vous deux 😘