Au revoir le Yukon : une vingtaine de kilomètres avant Watson Lake, nous prenons à droite vers la route 37, dite route Cassiar. C’est ainsi que nous quittons le Yukon pour la Colombie-Britannique.
700 km sur la route BC-37
L’alternative à la désormais fameuse Alaska Highway, c’est la route 37 qui pique plein sud à travers la Colombie-Britannique. Plus étroite que sa consœur, sans lignes de rive ni même de ligne centrale dans sa première partie, elle n’en demeure pas moins tout à fait praticable.
La route BC-37 devient rapidement vallonnée, serpentant à travers les cols de 400 à 800 m d’altitude.
Plusieurs petites communautés, comme Dease Lake ou Iskut, succèdent à des micro-communautés de quelques baraquements, telles Jade City ou Bell 2.
Assez sauvage, le tracé est agréable avec vues sur les sommets tantôt verdoyants, tantôt teintés de blanc. Plusieurs aires récréatives sont aménagées, parfois le long de rivières ou de ruisseaux : Cottonwood River, Dease River, Ningunsaw River, Mehan Lake, etc.
Ici, le prix de l’essence importe peu, c’est sa disponibilité qui compte. Un demi-plein à 2,12 $ le litre, pourquoi pas !
Parmi ces lieux de quiétude seulement troublé par les moustiques et les Américains qui voyagent en RV géant tractant leurs pick-ups depuis la Floride (les texans à motos sont restés sur l’Alaska Highway), nous passons la nuit dans un camping au bord du Eddontenajon Lake. À l’avoir su avant, on y aurait loué des canoés 😉
Passé Meziadin Junction et la bifurcation vers Stewart, la route s’élargit et devient une route plus classique. Même les paysages perdent en qualité et deviennent plus monotones, avec de rares vues sur la rivière Bell-Irving que la route longe pourtant.
Après un peu plus de 700 km, la route 37 rejoint la route 16 Yellowhead Highway au niveau de Kitwanga. Le moment de mettre fin à une période de 50 heures sans aucun réseau cellulaire, aucune connexion internet, et aucune nouvelle du monde extérieur !
Vallée de la Skeena
Nous entrons par la même occasion dans la vallée de la Skeena, rivière restée sauvage qui alimente 5 villages où résident les membres de la Première Nation Gitksan (ou Gitxsan) :
- Kitwanga, donc ;
- 18 km au nord, Kitwancool, que nous avons raté bêtement en raison d’un délai de compréhension trop lent de la pancarte indiquant uniquement le véritable nom du village : Gitanyow ;
- Kitseguecla, supposé abriter des mats totémiques que nous ne trouverons jamais ;
- plus à l’est, Hazelton héberge le Ksan Historical Village and Museum ;
- et enfin Kispiox, à l’écart, mais bien plus agréable, une quinzaine de kilomètres au nord de la route 16.
Vous l’avez compris, n’étant plus à 50 km près, nous poussons vers l’est jusqu’à ces villages ! Ceux-ci exposent de nombreux mats totémiques, conçus entre la seconde partie du XIXè s. et la fin du XXè s.
Peu avant, le Lieu historique national de la Colline Battle-Hill nous mène sur une colline (eh oui !) où vécut à la fin des années 1700 un chef guerrier des Gitwangak nommé ‘Nekt. Les guerres avec les tribus alentours (Nisga’as, Haidas, Kitimaats et Tsimshians) étaient alors monnaie courante. Suite à une défaite entraînant la mort de ‘Nekt, la colline fut abandonnée et le nouveau village s’établit 5 km plus au sud, pour devenir Kitwanga.
L’un des mats totémiques qui s’y trouve raconte encore aujourd’hui l’histoire de ce guerrier longtemps resté invincible.
Vers l’est, un léger crochet par New Hazelton nous permet d’accéder au sentier de la cascade, qui vaut bien les 10 minutes de marche ! Le point de vue sur cette petite ville sera lui moins intéressant.
‘Ksan historical village (Hazelton)
À l’écart des routes commerciales des Européens jusque dans les années 1870, à l’abri entre les rivières Skeena, Naas, et l’Océan Pacifique, le peuple Gitksan a pu préserver sa culture. Bien que leur système politique fut considéré illégal dans la première partie du XXè siècle, ils continuèrent de pratiquer leurs coutumes.
Les discussions et décisions politiques étaient prises lors de grandes fêtes.
Mats totémiques en cèdre, robes de cérémonie ou caisses en cèdre rouge sont autant d’artefacts exposés. Le cèdre était ici à la base de presque tout objet ! Les caisses par exemple, qui servaient aussi de sièges, étaient faites d’une seul morceau, plié grâce à un système d’encoches.
Une chance, la visite guidée du lieu n’est proposée qu’à partir de 5 visiteurs : nombre que nous avons atteint lors de notre passage.
Kispiox
Toujours plus loin dans notre petit détour, nous poussons encore 15 minutes jusqu’à Kispiox : cette petite communauté vivante nous paraît enjouée, et en tout cas assez différente de l’esprit des 3 premiers villages.
Plusieurs mats totémiques ont été érigés en bordure du village. Les plus anciens datent de 1866, les plus récents des années 1990. Supposément au nombre de 24, nous n’en comptons pourtant qu’une quinzaine. On peut véritablement parler d’œuvre d’art, même s’ils sont en réalité bien plus que ça ! Il faut dire que les mats totémiques servaient avant tout à raconter une histoire, souvent celle d’une famille ou d’un clan.
En direction de Terrace
La route 16 en direction ouest longe ensuite le Seven Sisters Provincial Park, qui tient son nom des pics montagneux qui y culminent, à plus de 2000 m.
Nous empruntons le Watson lakes trail, qui mène en environ 1h (aller simple) vers 3 lacs à travers la forêt. La balade aurait pu être agréable, ne fussent les moustiques sanguinaires acharnés en folie.
Passée Terrace, la plus grande ville de la vallée, la route 16 et la voie ferrée suivent le tracé de la rivière Skeena sur un parcours superbe, entre sommets enneigés, cirques se détachant, et verdure des flans plus bas. La rivière tantôt s’élargit, puis se sépare en plusieurs bras, qui se rejoignent à nouveau pour former l’estuaire. Calme, elle n’est jamais.
Prince Rupert
On quitte la rivière quelques kilomètres en amont de son embouchure, avant d’atteindre Prince Rupert.
La ville de 12 000 habitants, fondée en 1906, n’est pas un incontournable. Une promenade le long de Cow Bay et à l’intersection 3rd Street / 3rd Avenue donne une petite vue des lieux les plus esthétiques.
La ville abrite également le Museum of Northern British Columbia. Celui-ci expose des artefacts des diverses Nations de la côte nord-ouest. Les expositions sont petites, la visite peut se faire en 45 minutes mais vaut bien le passage. Parures, chapeaux de cérémonie, caisses en cèdre rouge, etc. Une vitrine présente également des éléments relatifs à l’installation de la ligne de train qui, si son fondateur n’était pas mort lors du drame du Titanic, aurait peut-être pu concurrencer nulle autre que Vancouver !
Quant à nous, c’est sur ces bonnes paroles que l’on embarque dans un navire de la BC Ferries !
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