3ème jour sous l’imposante stature du mont Taranaki.
Nous quittons New Plymouth par la SH3 vers le sud au lieu de la SH45 côtière comme prévu (par laquelle nous remonterons cependant) en raison de la météo : 2 jours de météo ensoleillée restants, dont 1 seul de ciel vraiment dégagé : il nous faut nous assurer d’accéder au plus tôt aux points de vue sur la montagne.
Lake Mangamahoe
Première escale de ce jeudi 29 juin : le lac Mangamahoe, à 15 minutes au sud de New Plymouth. Un point de vue accessible en 5 minutes de marche se trouve au bout de la route, et offre une vue magnifique sur le Taranaki parfaitement dégagé, avec quelques arbres qui poussent le long des rives du lac -dont des tree fern.
Lookout depuis la Forgotten World Highway
Retour sur les premiers kilomètres de la SH 43 dite Forgotten World Highway. Nous y étions passé en octobre, mais le ciel bouché nous avait empêché de voir quoi que ce soit. À quelques 20 kilomètres de Stratford, au sommet des Strathmore Saddle, un point de vue permet pourtant d’apercevoir bien sûr le magnifique Taranaki à l’ouest, mais aussi, à l’est, les monts du Plateau Central : Ruapehu et Ngauruhoe (l’un des cratères de Tongariro, géologiquement parlant). Ruapehu, plus haut sommet de l’Île du Nord, est d’ailleurs totalement enneigé.
On pourrait rester ici des heures à admirer les montagnes (et le bétail qui erre en contre-bas), mais…
Stratford
Demi-tour : à Stratford, une petite halte s’impose pour contempler la Clock Tower (tour de l’horloge). Construite en 1998 pour remplacer l’ancienne tour en béton datant de 1924, considérée comme à risque en cas de séisme, celle-ci est une réussite esthétique. La rue principale semble assez animée et pleines de commerces derrières des façades loin d’être laides.
Dawson Falls
Nous quittons la SH3 en direction du Egmont National Park, et plus particulièrement le sentier des Dawson Falls. La route s’approche des pentes du Taranaki, dont on peut admirer le sommet lorsque la forêt en décide ainsi.
La vue sur la montagne est sensationnelle depuis le parking du Dawson Falls Visitor Centre, avec à son coté le Pic Fanthams / Panitahi, cône latéral du Taranaki de 1 966 m de haut, constitué il y a seulement 7 000 ans et nommé d’après Fanny Fanthams, première européenne à l’avoir gravi en 1887.
Nous nous lançons sur la Kapuni Loop Track, marche d’une heure qui passe par les Dawson Falls tout en permettant de traverser la sublime forêt alentours. L’humidité est telle que les arbres sont tous pleins de mousse, leur donnant un aspect irréel lorsque la lumière du soleil parvient à les toucher directement. Avec 18 m de haut, les chutes en elles-même sont surtout le prétexte pour la ballade, même s’il vaut le coup de faire le détour de 2 minutes pour accéder à leur point le plus bas.
À la sortie de la forêt, le mounga a (encore!) accroché un nuage, tout facétieux qu’il est. Le temps de faire le tour du Visitor Centre, qui retrace les premières escalades du Pic Fanthams, et, miracle : il s’en est délogé. Taranaki est joueur aujourd’hui, ce n’est pas pour rien qu’il est mission impossible de prédire avec certitude la météo autour de son sommet.
Si les conditions météo changeantes rendent l’escalade du Mont Taranaki, sinon périlleuse, au moins difficile (85 morts recensés à ce jour quand même), celle du Pic Fanthams l’est tout autant en automne/hiver en raison des plaques de verglas et de la neige à son sommet. À peine connue l’existence d’un sentier que, déjà, nous devons l’oublier. Ce sera pour la prochaine fois, en été ? (L’idée lui tourne en tête depuis plusieurs jours, mais à un mois du grand départ Olivier se plaît de plus en plus dans ce pays où tout semble possible, et ne trouverait décidément pas déraisonnable de tout faire pour y rester ! Aller, on oublie, retour à la réalité.)
Le soleil est passé derrière la montagne, et il commence à faire frisquet dehors : le moment est venu de continuer.
Opunake
Suite et fin de la journée sur la route en direction d’Opunake, qui longe les nombreuses fermes et champs de vaches. Une petite erreur de navigation nous fera faire un léger détour, mais nous permettra de découvrir des collines verdoyantes sans vaches qui scintillent au soleil et où le reflet de ce dernier sur la neige du Taranaki est tel une invitation à s’arrêter là quelques siècles pour l’admirer.
Nous finissons cependant par arriver à Opunake, petit village dont de nombreux bâtiments sont dotés de fresques murales. En approchant du Scenic Lookout, nous reconnaissons un endroit où nous étions déjà passé dans une autre vie (8 mois auparavant). Nous avons rejoins la route SH 45 dite Surf Highway, et les longues vagues de la Mer de Tasman viennent s’approcher des falaises que le soleil couchant fait luire. La nuit tombe, nous nous installons sur un free camp à coté du lac d’Opunake, et nous saluons le mounga avant qu’il ne disparaisse dans les ténèbres.
Cape Egmont Lighthouse
Course contre la météo dès le réveil de ce 4ème jour sous l’emprise du mounga ! Le ciel se couvre, mais tout espoir n’est pas perdu : nous sommes à un peu plus de 20 km de Cape Egmont et son phare, si nous sautons le petit déj’ nous pouvons espérer un mont Taranaki encore dégagé à l’arrière plan. Et nous avons bien fait : le phare et le mounga derrière lui sont juste magnifiques, et prendre le petit déjeuner juste en face d’eux est un luxe que nous nous offrons.
Le phare date de 1881 : construit en Angleterre, il a d’abord été installé non loin de Wellington, puis rapidement déplacé ici.
Un peu plus loin, une mini-réplique du phare peut se visiter sous forme de musée, mais n’est malheureusement ouverte que les samedi et dimanche. Dommage !
Des Pa et une épave
Nous faisons un petit crochet par Parihaka, haut-lieu des guerres du Taranaki. C’est ici que le grand chef maori Te-Whiti-O-Rongomai prôna la résistance pacifique face aux spoliations de terres opérées par les fermiers colons dans les années 1860-1880. Il finit par être arrêté, mais un monument lui est aujourd’hui dédié sur les lieux du kainga (village). Hasard (ou pas) : Olivier est en train de lire (en français, merci l’escale en Nouvelle-Calédonie) un excellent livre qui relate les faits de manière romancée : La femme de Parihaka (The Parihaka Woman), de Witi Ihimaera (2011) -le même auteur maori (mais anglophone) qui a écrit le célèbre The Whale Rider, adapté au cinéma.
Nous snobons Pukeiti et ses jardins de rhododendrons, la saison n’étant sans doute pas propice, pour nous rendre directement sur la plage d’Oakura. C’est là que gît l’épave de SS Gairloch, où du moins ce qu’il en reste puisque le navire à échoué en 1903 et a depuis été rattrapé par l’érosion (façon poétique de dire : la rouille) due à la marée et aux vents. Nous arrivons cette fois trop tard pour en profiter avec la vision de Taranaki en fond, qui a littéralement disparu.
Dernière halte avant de rejoindre New Plymouth : Koru Pa. Un des plus ancien pa maori connus à ce jour, ces anciennes fortifications offrent une jolie petite promenade à travers la forêt native et permet d’observer quelques vestiges : murs, puits de stockage et foyers. S’il subsiste quelques traces, c’est qu’il s’agit d’un des rares pa à avoir utilisé de la pierre en complément du bois. La balade vaut le coup et les quelques panneaux explicatifs permettent de mettre en lumière l’organisation du site.
Le ciel est couvert, les ondées passagères sont là : il est temps de rejoindre New Plymouth avant le déluge.
Encore une belle balade et tout un lot de souvenirs……….
Je pense toujours bien à vous.
Michel