Si le Nouveau-Brunswick est officiellement bilingue, c’est peut-être en partie grâce à la Péninsule Acadienne, dont la langue est majoritairement le français (ou du moins le français acadien).
Même si on ne s’attend pas à y trouver l’effervescence des mois d’été et le folklore acadien, du moins espérons-nous compléter notre découverte de cette culture et découvrir un autre aspect de cette Province aux trois façades maritimes (Baie de Fundy au Sud, Golfe du Saint-Laurent à l’Ouest, Baie des Chaleurs au Nord !)
Néguac et Tracadie-Sheila
Quittant Miramichi, nous arrivons sur la « Péninsule Acadienne » à proprement parler.
Peu avant Néguac se trouve le Parc de l’Île-aux-Foins. Cette petite presqu’île accueille depuis 1905 le phare de l’Île-aux-Foins. Aujourd’hui inusité, il a été repeint aux couleurs de l’Acadie et est visible depuis un agréable sentier sur un trottoir de bois qui fait le tour du parc.
Néguac se revendique « Le carrefour de l’huître du Canada atlantique ». On ne goûtera pas, mais on reste impressionné interloqué par l’huitre géante qui trône en ville.
Décevante Tracadie, qui consiste finalement en un long alignement de pavillons seulement entrecoupé de zones commerciales. Le bord de mer est peu mis en valeur, malgré le phare qui veille sur la petite marina et le trottoir de bois pour les piétons. Pourtant, tout n’est pas triste, il y règne une atmosphère somme toute paisible, et on ne doute pas que les baigneurs apprécient la plage de Val Comeau en été.
Caraquet
Caraquet, un peu moins de 8000 habitants, a plus de charme. Son front de mer, au bord de la Baie des Chaleurs, est plus coloré et est un lieu de promenade agréable entre le Carrefour de la mer et le phare de Pointe à Brideau Range Rear, au bord de la plage. Au bord ouest du port, une statue de bois a été immergée durant une année avant d’être exposée.
Sur la rive opposée, à plus de 30 km de l’autre coté de la Baie des Chaleurs, on distingue les formes montagneuses de la Gaspésie.
À une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Caraquet se trouve la communauté de Grande-Anse. On y profite surtout de son ancien phare aux couleurs de l’Acadie, et de son église en bordure de falaise. Lors de notre passage, le soleil éclatant va laisser place à une épaisse brume arrivée soudainement de la façade océanique, changeant radicalement l’aspect de la falaise et contribuant à donner une impression mystique sur le cimetière derrière l’église.
Village historique acadien
Situé entre Caraquet et Grande-Anse, le Village historique acadien est fermé de septembre à juin. Heureusement, un sentier de 2,5 km est désormais accessible en hors-saison de 8h à 16h et permet de faire le tour de cette reconstitution d’un village typique de l’Acadie des XIXè et XXè siècles. Excepté le pont couvert, qui est une reconstitution, tous les bâtiments furent déplacés depuis leurs lieux d’origine.
Une visite extrêmement agréable dans une ambiance calme au possible : merci de rester accessible même sans être ouvert !
Shippagan, l’Île Lamèque et l’Île Miscou
Le « vieux phare de l’île Portage », construit en 1869, est aujourd’hui connu sous le nom de « Phare de l’Aquarium ». Il trône en effet en face de l’Aquarium du Nouveau-Brunswick (celui-ci étant bien entendu fermé de septembre à juin). D’une hauteur de 12,5 mètres, il fut déplacé à Shippagan en 1986, après avoir été retiré du service en 1960.
Une fois passé le pont qui mène vers l’île Lamèque, on aperçoit le phare de Big Shippagan. Situé au bord du Goulet de Shippagan, qui sépare l’île du continent, nous en approchons.
Nous achetons de quoi manger à Lamèque, le village principal de l’île (env. 1300 habitants). L’occasion de tester -enfin- l’assiette de fruits de mer typique du Nouveau-Brunswick. Si on ne l’avait pas essayée avant, il y a une raison : elle nous rappellera d’ailleurs étrangement les « fruits de mer » de l’Île de Vancouver, de l’autre coté du continent. Pas mauvais, mais un peu gras ! Jugez plutôt.
C’est également à Lamèque que se trouve le Parc écologique de la Péninsule acadienne, un petit sentier de 2 km qui fait le tour d’un marais arrosé par le Ruisseau Jean-Marie. Arrêt non planifié, mais prendre le vent est vivifiant après la bouffe pas légère !
L’étape suivante, c’est le pont pour l’Île Miscou, qui relie l’île à sa voisine depuis 1996. Composée de nombreux petits lacs et tourbières, ses 64 km² au bord de la Baie des Chaleurs sont peuplés par moins de 800 habitants.
À la pointe nord de l’île se dresse le phare de Miscou. Érigé en 1856 comme aide à la navigation sur la Baie des Chaleurs, il fut déplacé à deux reprises en raison de l’érosion. Initialement haut de 23 m et fonctionnant à l’huile de phoque, il fut converti à l’huile de charbon en 1873 et surélevé de 2 m en 1903. Nous sommes à l’extrême nord-est de la Province. En face, la Gaspésie est toute proche, 30 km… pourtant, aucun service de traversier ne permet de s’y rendre.
À 8 km au sud du phare, nous stoppons à la Tourbière. Si, en automne, elle se pare de couleurs violettes, nous la trouvons plus morne en cette mi-avril ! Mais enfin, le sentier aménagé de 800 mètres avec pancartes explicatives est bien intéressant sur ce type de tourbière dont le seul apport d’eau provient de la pluie. Si celle-ci n’est plus exploitée pour lui permettre autant que possible de se regénérer, plusieurs le sont toujours sur l’île Lamèque, essentiellement à des fins d’export. D’un point de vue visuel, rien à voir avec celles que l’ont trouve en Irlande : somme toute normal, la flore étant bien différente !
Quitter le Nouveau-Brunswick par Bathurst et Campbellton
Situé entre Grande-Anse et Bathurst, deux structures rocheuses se dressent face à l’océan : ce sont les Pokeshaw Rock. Plusieurs espèces d’oiseaux ont élu domicile sur le plus gros et le plus plat d’entre eux.
Avec environ 12 000 habitants, Bathurst est la plus grande ville de la région Chaleur et marque la fin de notre itinéraire dans la péninsule acadienne. Ni belle, ni laide, la ville peut faire l’objet d’une courte pause le long de la Promenade Waterfront et de la Promenade Harbourview.
Il ne nous reste qu’une centaine de kilomètres avant de quitter le Nouveau-Brunswick, une Province qui nous laisse un peu sur notre faim ! Si ses habitants semblent y être à l’aise, et que les acadiens revendiquent fièrement leurs origines jusqu’à peindre tous les poteaux électriques et téléphoniques des villages aux couleurs de l’Acadie, on trouve que la Province manque d’un quelque chose, d’une identité propre ou d’un je-ne-sais-quoi.
Située à l’embouchure de la rivière Ristigouche, qui se jette dans la Baie des Chaleurs, la ville de Campbellton (env. 7 000 habitants) est reliée depuis 1961 à la Gaspésie -et donc au Québec- par le pont J.-C. Van Horne.
Le long de Salmon Blvd, différentes sculptures rendent hommage aux célébrités de la région : le saumon et la pêche. L’air sent bon le frais, la vie semble relaxante, et la vue sur le pont et sur la rive gaspésienne superbe. Un passant plutôt âgé nous accoste et nous révèle qu’il a vécu ici presque toute sa vie et ne s’en lasse pas…
Retour au Québec par la traversée du pont, direction : Matane, et le traversier pour la Côte-Nord. L’occasion pour nous de découvrir la route 195 entre Amqui et Matane, ses petits villages de campagne, ses vues sur les collines alentours, et ses ponts couverts attenants. C’est là qu’on se rend compte que le Nouveau-Brunswick, c’était relativement plat !
Région et baie des Chaleurs, heuheu, pas persuadé que le nom soit approprié, mais tout celà est tellement beau !