Quelle est l’expérience incontournable pour tout backpackers en Nouvelle-Zélande ?
Bienvenue à Te Puke (dire té pouki), capitale mondiale du kiwi ! La petite ville de 7 496 habitants est réputée pour ses nombreux orchards (« verger ») à kiwi.
Nous avons rendez-vous à 15h non loin de là ce lundi 20 mars, après avoir répondu à une annonce sur le site backpackerboard. La promesse : une bonne paye de $17 par heure (le salaire minimum légal étant de $15,25 avant le 1er avril, puis de $15,75), des journées de 8 à 10 heures de travail avec 30 minutes de pause à midi et 10 minutes de pause au milieu de chaque demie-journée, et des jours de repos quand il pleut. Pas si mal…
Malheureusement, Amandine n’ayant pas directement postulé, et l’équipe étant limitée à 25 personnes, elle ne sera pas de la première vague, et il nous faudrait attendre un désistement éventuel pour qu’elle puisse faire parti des effectifs.
Dans l’attente, ce rendez-vous est quand même l’occasion de signer un contrat pour Olivier (ce qui, là encore, n’est pas si mal ici), et de nous présenter le travail de picking (cueillette) dans les orchards.
2 types de kiwis :
- Gold kiwifruit : paye à l’heure, il faut prendre soin du kiwi qui est réputé fragile ;
- Green kiwifruit : paye à la bin (corbeille), il faut aller le plus vite possible dans la récolte.
Nous saurons donc chaque matin (ou la veille au soir si l’on est chanceux) si l’on travaille, à quelle adresse, l’heure de début, ainsi que si l’on a affaire à du gold kiwifruit ou du green kiwifruit.
Deux conditions de non-travail : une météo aléatoire ou pluvieuse -les kiwis devant être parfaitement secs pour la récolte-, et surtout, en ce début de saison, le résultat des tests de maturité des orchards, révélant entre autre la teneur en sucre des kiwis.
1er jour
Bref, premier jour pour Olivier : le mercredi 22 mars. Message à 7h20 donnant rendez-vous à 10h30 non loin de l’aéroport de Tauranga. Il s’agit d’un petit verger de Gold Kiwis. Et c’est parti ! Il faut faire attention à la tige (stalk) du kiwi et bien l’enlever, mais si l’on récolte le kiwi en le tournant, elle part naturellement la plupart du temps. Le risque avec le gold kiwi : l’abîmer, soit avec le reste de tige de l’un qui frotterait sur l’autre, soit avec le frottement des kiwi entre eux. Pour cette raison, il ne faut pas le jeter dans son panier mais les poser les uns sur les autres, et il ne faut remplir nos paniers qu’à un peu plus de la moitié, soit 12kg. Pour les Green Kiwi, ce sera 20 kg !
Le panier se porte autour du cou, est assuré par les épaules, et arrive sur le ventre. Il se remplit assez rapidement (2-3 minutes). Il s’agit ensuite de le vider dans les caisses attachées à un tracteur. Attention pour le Gold kiwi : ne pas vider son panier trop brutalement. Pour ce faire, on détache la partie basse, et zou ! Ça sort par en bas. Et on recommence. Encore. Et encore ! Jusqu’à la fin de la rangée, et la pause de midi.
30 minutes après, ça repart, l’équipe de 25 se réparti sur 4 rangées, et on avance, et on cueille, et on vide. On arrive au bout, on se décale, et on continue. Jusqu’à la pause de 10 minutes de milieu d’après-midi. Puis on continue, jusqu’à la fin. On peut alors rentrer, et mesurer ses douleurs aux épaules.
Pour ce premier jour, nous sommes dans un camping à Papamoa, bénéficiant d’une hot-pool (piscine chaude), ce qui est pour le moins très agréable pour la détente du dos !
Changement d’employeur
Pas de boulot pour le second jour, l’orchard prévu n’ayant pas passé les tests de maturité des fruits. Pénibles aléas du début de saison… Le troisième jour, profitant d’une nouvelle journée sans travail, cette fois pour kiwis humides à cause d’une averse nocturne, nous quittons Te Puke, direction Opotiki, où nous attendent 2 contrats tout frais avec un autre employeur. Début prévu : lundi 27 mars ! Fingers crossed, the weather over the next couple of days is very poor (on croise les doigts, la météo est pourrie !). Mais ça n’aura pas suffit, le lundi c’est pluie ! Du coté d’Olivier arrive ce même lundi la paye pour cette première semaine (d’un jour certes), ce qui remotive un peu : $92 quand même !
Notre nouvel employeur versant les payes le vendredi (enfin, c’est ce que nous pensions), on espère que ça puisse se décanter avant… Et ça vient, mais pas comme on l’aurait espéré ! Il nous propose en effet 3 jours de weeding (arrachage des mauvaises herbes) dans un verger de kiwis récemment planté. Ce qui veut dire : dos courbé, flexion des jambes, et alternance de position basse et position haute en boucle, le tout en macérant dans ses chaussures forcément détrempées vu l’état du sol. On hésite donc entre le satisfaction d’avoir une paye, et la non-satisfaction de se retrouver courbaturé et à macérer dans l’eau 8h durant. Seul moment de répit en-dehors de 30 minutes de pause du midi et des 10 minutes de pause par demie-journée : 1 heure d’attachage des branches rebelles des arbustes à kiwis sur leurs tuteurs respectifs, ficelle et sécateur à la main en position debout (aaaahhhh ça soulage !).
Début effectif du kiwifruit picking : vendredi 31 mars. Soleil éclatant, tests de kiwis valides : c’est parti ! Notre team est composé de 4 français, 5 allemands, 5 tchèques et 1 japonais. L’orchard étant assez grand, nous sommes plusieurs teams à nous partager la cueillette, mais nous n’avons aucun contact avec les autres équipes.
L’équipe se réparti en ligne sur 3 rangées, et nous sommes censés avancer droit sur notre ligne. Dans la pratique, il y a bien sûr des arrangements entre grands et petits, pour que les grands n’aient pas à se courber et les petits pas à trop tirer sur les bras et les jambes.
Entre deux too much stalk (trop de tiges !) et you have to fill one bin per personne per hour, too slow (vous devez remplir une bin par personne par heure, vous êtes trop lents), la journée ne se passe pas trop mal. Le dos à tendance à s’habituer, et rester debout toutes la journée est moins pénible que rester assis !
L’occasion pour nous d’apprendre que les gold kiwi, pour lesquelles nous sommes payés à l’heure NZ$17 et non au rendement comme ce sera le cas avec les green kiwi, sont en majorité exportés vers la Chine, où ils sont vendus pas moins de US$8 la pièce ! Une minorité va rester en Nouvelle-Zélande, à des prix (un peu) plus raisonnables. Forcément, on comprends mieux qu’entre la fragilité et le prix de vente, nous ne voyions pas beaucoup de gold kiwis dans nos rayons français ;).
Et ainsi de suite
Certains jours, nous sommes payés à la bin (à la quantité), même pour les gold kiwifruit. Des jours pas très agréables : pour tenir le rythme, nous sommes obligés de ne pas respecter les consignes, et donc les superviseurs nous reprennent… mais dès qu’ils ont le dos tourné, on est bien obligés de recommencer !
Surtout, nous sommes obligés de nous lever et d’être prêts à partir à 7h30 quoi qu’il arrive : on ne sait jamais avant 7h10 le jour même si la journée tombe à l’eau (c’est le cas de le dire!).
La météo est aussi un vrai problème : il peut arriver de ne pas travailler plusieurs jours de suite, et aucune compensation dans ce cas là… Enfin, nous avons signé un contrat un peu bancal : entre autres, notre employeur s’autorise ainsi à ne pas nous payer si nous quittons l’équipe sans respecter un préavis de 5 jours (quand la plupart des employeurs du domaine ne demandent pas de préavis, ou alors d’une seule journée).
Journée type :
- 6h25 : réveil, petit déjeuner
- 7h00 : message de confirmation ou d’infirmation sur l’adresse du jour
- 7h30 : nous quittons le camping
- 8h : arrivée à l’orchard du jour, récupération des sacs/gants, début de la cueillette
- 10h : smoko (pause payée)
- 10h10 : reprise de la cueillette
- 12h : lunch time (pause déjeuner)
- 12h30 : reprise de la cueillette
- 15h : smoko (pause payée)
- 15h10 : reprise de la cueillette
- 17h00 : home time (retour au camping)
- 18h00 : parfois bière sur la plage ou piscine (froide), douche, repas
- 22h00 : au lit !
Quelques petites variations sont possibles bien entendu. Ainsi, si les résultats des tests de l’orchard prévu pour la journée ne sont pas encore arrivés, nous ne débutons qu’à 10h (pour un réveil à la même heure, ce qui sera le gros bémol de la chose). Le plus beau ? Alors qu’on nous prévoyait un jour-off, nous sommes priés à 11h20 d’arriver pour midi à un orchard qui, finalement, fut prêt ! Et une belle journée de repos au soleil à remiser au fond de nos rêves, but… money money! 😉
En guise de conclusion
Bref, nous ne sommes que de la main d’œuvre saisonnière étrangère flexible et maléable. D’ailleurs, extrêmement peu de néo-zélandais travaillent à la cueillette sur les orchards : ceux-ci sont davantage les propriétaires, les gérants, parfois les superviseurs ou les conducteurs de tracteurs. En somme, les kiwis ne cueillent pas de kiwis, mais ils les vendent et les mangent !
Notre employeur est bien moins clean que le premier, tant au niveau des consignes aléatoires et contradictoires que de la paye qui tombe avec une semaine de décalage (paye le vendredi pour la semaine précédente) et rarement au prix annoncé… Heureusement, l’équipe est sympa, et nous sommes 5 au camping à nous retrouver le soir pour manger et à partager les frais d’essences pour les orchards parfois situés à plus de 20 kilomètres ! Le but initial était de tenir 4 à 5 semaines, histoire de renflouer les caisses avant de repartir à l’assaut des routes, malgré l’automne et, surtout, la nuit qui gagne du terrain ! Verdict : ce sera 4 semaines, retour sur les routes le 21 avril.
Et sinon, vous êtes plutôt Gold ou plutôt Green ?
Et bien…. le gold a une tige moins cassante que le green, ce qui est plus gênant quand il est en hauteur. Mais le green a bien plus de « poils » que le gold, ce qui est gênant pour les yeux avec tout ce qui vole. Au final… it’s the same 😉
La phrase marquante ? « Guys, watch your stalk » ! (Faites attentions aux tiges!) répétées à longueur de journée par notre superviseur lorsqu’il nous paye à la quantité !
coucou les petits loulou!!! Dur dur, la cueillette des kiwis , il faut prendre soin de votre dos, mais c est pour la bonne cause et pour pouvoir avancer!!! C’est un fruit délicat comme on peu vous lire, cela est toujours un moment de bonheurs, et très enrichissant que de partager ce joli blog avec vous avec tous les détails que vous pouvez nous donner. Gros bisous à vous deux.