Avant de poursuivre notre route vers l’extrême nord (Cape Reinga et la péninsule Aupouri), encore quelques arrêts. Nous avons contacté un HelpX à Ahipara, mais devant l’absence de réponse, nous avons amplement le temps… de prendre notre temps !
Kerikeri, quand les chutes d’eaux rencontrent l’Histoire
Restons dans la Bay of Islands, avec une journée à Kerikeri. La ville de 7 200 habitants est connue pour ses packhouses (usines d’empaquetage) et ses orchards (vergers) de kiwifruit (kiwi). Nous avions vu passer pas mal d’offres ici lors de notre période à Bay of Plenty, mais il fallait bien faire un choix !
Avec l’implantation de colons européens dès 1814, et la plantation en 1819 de ce qui est aujourd’hui le plus vieux poirier toujours debout de Nouvelle-Zélande, la ville est aussi connu pour être l’une des premières où Maoris et Pakehas se sont cotoyés.
Pour nous, tout commence par un arrêt sur la route à peine quitté Paihia, aux Haruru Falls : mouais, on a vu mieux, mais puisque c’est à 2 minutes de marche autant aller voir par soi-même.
Avant d’entrer dans Kerikeri, nous déambulons au Old Packhouse Market, qui se tient tous les samedi (ça tombe bien). Plutôt grand, celui-ci s’étale de l’extérieur jusque dans le bâtiment, avec comme d’habitude des tables et chaises pour s’installer et déguster les produits achetés. Outre les easy peel mandarins (mandarines qui s’épluchent facilement) affichées partout -il faut dire que c’est la région où elles sont cultivées-, nous tombons sur un fruit-mystère lui aussi très répandu sur les stands. Ni son nom anglais de persimmons, ni son aspect ressemblant à une tomate, ni son goût de carotte sucrée ne nous évoquant quoi que ce soit, il a fallu mener notre enquête : il s’agit en français de kakis (vous en aviez déjà goûté ?).
C’est la journée des chutes d’eau ! Direction les Rainbow Falls, à moins de 5 minutes de route en-dehors de la ville. 26 mètres de haut, pas mal. Lorsqu’on se rend à son pied, on comprend par intermittence d’où elles tirent leur nom : il arrive que les fines gouttelettes expulsées dans l’air lors de la chute se reflètent au soleil et forment un arc-en-ciel.
Pause repas plus proche du centre, au lieu dit Kerikeri Basin, où se tiennent les bâtiments historiques de la ville. Le Stone Store (1832) qui est encore aujourd’hui un commerce atypique, est le plus ancien bâtiment de pierre du pays. La Kemp House (ou Mission Station) voisine est, elle, le plus ancien bâtiment européen toujours debout (1821).
Un peu au-dessus, l’église St James Church a remplacé en 1878 la première église temporaire datant de la même époque (1823). Vraiment superbe entre deux passages nuageux, lorsque le soleil vient frapper les couleurs de l’automne. Très agréable surprise donc pour ce qui officiellement s’appelle le Kororipo Heritage Park (« quartier historique »), dont nous ignorions l’existence le matin même.
L’ancienne usine hydroélectrique (1930-1967) -première source d’électricité de la ville- accessible après 15 minutes de marche par la Kerikeri River Walk est quant à elle plus décevante : un baraquement de tôle dans lequel reste des conduites d’eau. Quelques pas plus loin, la cascade de Wharepuke Falls est quand même agréable à l’œil.
Le soir, partance pour le camping de Aroha Island, une minuscule péninsule à 12km au nord-est de Kerikeri, qui se trouve être aussi un lieu de départ pour partir observer des kiwis ! Filtre rouge obligatoire sur la lampe de poche pour ne pas les effrayer, et c’est parti pour une tentative sur le petit sentier qui fait le tour de l’« île » en 30 minutes… tentative partiellement réussie, puisque, si nous n’avons pas eu la chance de notre voisine américaine (qui en a aperçu 2 pendant plus d’une minute), nous aurons quand même réussi à en voir un durant pas loin de 5 secondes !! Notre premier kiwi sauvage ! 😀
Une côte, des baies, des péninsules
Nous quittons la Bay of Islands en prenant la Tourist Drive, qui quitte la route SH 10 quelques kilomètres après Kerikeri pour longer la côte et ses nombreuses baies / péninsules.
Premier arrêt à Matauri Bay, où est érigé sur la falaise un mémorial en souvenir du Rainbow Warrior. Le monument, plutôt réussi, est censé représenter un arc-en-ciel noir.
La Nouvelle-Zélande, le Rainbow Warrior, et le nucléaire
Le Rainbow Warrior, premier navire de Greenpeace, fut coulé par les services secrets français en 1985 dans le port d’Auckland alors que celui-ci allait appareiller pour l’atoll de Mururoa en Polynésie Française, en vue d’y dénoncer pacifiquement les essais nucléaires qui y étaient pratiqués. Un membre d’équipage, le photographe, y trouva la mort.
Historiquement, la Nouvelle-Zélande est réticente au nucléaire depuis les années 1960. En 1974, une protestation officielle avait déjà été été adressée à la France en raison des tests atmosphériques toujours pratiqués en Polynésie à cette époque. En 1984, il fut refusé à des navires américains à propulsion nucléaire -même sans armement- l’entrée dans les eaux territoriales du pays. Aussi, l’attaque contre Greenpeace a été ressentie largement comme une attaque contre la Nouvelle-Zélande elle-même, dégradant sérieusement ses relations avec la France. Ce n’est qu’après une médiation par les Nations-Unies et le versement d’une indemnité de $13 millions par la France que l’incident fut mis de côté. Ceci étant, nous avons déjà entendu parler de français se faisant encore reprocher le grief par quelques locaux un peu éméchés…
Le pays finira par devenir en 1987 un pays 100% nuclear free (sans nucléaire), dégradant même leurs relations avec les États-Unis en officialisant l’interdiction faite à leurs navires à propulsion nucléaire l’accès aux eaux territoriales. Les États-Unis avaient alors rétrogradés la Nouvelle-Zélande de « allié » à « ami ».
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À quand chez nous ? ….. (note de l’auteur)
Si le mémorial se trouve là, c’est parce que l’épave en elle-même a été remorqué non loin et coulé au large en 1990. Il est aujourd’hui un récif artificiel connu par les plongeurs pour être un magnifique spot où y admirer les poissons.
En complément du monument, la vue sur les îles depuis le sommet est absolument magnifique ! Inratable. (Du moins une fois trouvé le chemin d’accès, puisque le camping du coin s’est approprié les 50 premiers mètres, masquant le sentier à grand renfort de pancartes « no public access » sans autre indication complémentaire).
La route continue, et après un dernier point de vue sur Matauri Bay nous faisons halte sur la plage de Mahinepua. Nous ne nous lançons cependant pas dans la randonnée de 2h qui fait le tour de la petite péninsule, préférant manger et repartir pour Whangaroa.
C’est là que se trouve le St Paul Rock, sommet qui domine l’anse de Whangaroa. L’ascension se fait en moins de 20 minutes, se termine de manière un peu abrupte avec quelques chaînes à tenir, pour une vue simplement superbe à 360° !
Nous campons à Hihi Beach, avant de repartir pour Mangonui, et sa voisine Cable Bay, qui hébergeait le premier câble télégraphique reliant la Nouvelle-Zélande à l’Australie.