Passée notre première compétition de tonte de moutons au ILT Stadium, il est temps de découvrir véritablement la ville d’Invercargill, plus grande ville du Southland avec 52 000 habitants.
Invercargill : des parcs et un centre historique
Nous débutons par Oreti Beach, la plage étant à peine plus loin du camping de la veille. Vaste étendue de sable sur laquelle les voitures se garent directement, n’enlevant rien à ses couleurs agréables à l’œil, du moins en cette matinée ensoleillée du 11 février.
Non loin de là, sur la route menant au centre-ville, se trouve Sandy Point, au bout de l’estuaire de la Waihopai River. Nous débutons une petite ballade, mais le lieu n’a rien d’exceptionnel pour les touristes que nous sommes à ce moment. Il est cependant probable que, si l’on avait été amené à vivre plus longuement à Invercargill, la zone aurait été un sympathique lieu de promenade récurrent à pied ou (surtout!) à vélo. Dommage !
La météo étant toujours clémente, nous optons ensuite pour le Queens Park. Très agréable, bien que sa volière et son parc animalier ne semble pas être du goût de tous les pensionnaires. (Pour les strasbourgeois : quelques similitudes avec le Parc de l’Orangerie, en somme !)
À moins de 5 minutes à pied se tient le bâtiment emblème d’Invercargill : la Water Tower (château d’eau) dont la première pierre a été posée en 1888 ! Beau bâtiment en briques rouges, couronné depuis 1988 par une nouvelle coupole remplaçant celle démontée en 1934.
Suivant le Invercargill Heritage Trail (itinéraire lié au patrimoine historique d’Invercargill), les rues du centre-ville comportent quelques bâtiments anciens. Ainsi, sur Tay Street, la first church (première église) et son campanile de 32 mètres ouverts en 1915, le Civic Theatre (théâtre) qui sert aussi de Town Hall (hôtel de ville) de style édouardien et symbole de l’accession au statut de ville en 1930 (bien que construit en 1906), et autres bâtiments. Un regret : la mise en valeur très relative, entre les bâtiments coincés derrière le supermarché Pack’nSave et la station service BP, ou ceux entourés de feux tricolores, enlevant une partie du charme…
À ce sujet, même le Troopers’ Memorial (mémoriel pour les soldats), au milieu d’un rond-point, est juste devant une pancarte publicitaire. Et The Wall, le mur-monument représentant les Maori and Celtic roots of the city (racines maori et européennes de la ville, formant désormais un seul peuple uni) est impossible à voir sans bâtiments modernes disgracieux et parkings en arrières plans.
Que cela ne vous empêche pas de vous promener également sur Esk Street et Don Street, qui présentent quelques façades de bâtiments historiques, voire originales.
Dans l’ensemble, on ressent un peu le coté écossais ici également, même si cela n’a rien à voir avec le style et la taille de Dunedin.
Si la publicité à l’i-Site comme dans notre guide pour The Seriously Good Chocolate Company laissait rêveur, le bilan est mitigé : certes, le chocolat chaud est très bon, et l’odeur de chocolat à peine franchie la porte est enivrante, mais nous nous attention à un lieu plus agréable type salon de thé : or il s’agit plutôt d’une boutique de chocolats avec quelques tables permettant de déguster ses boissons chaudes. Nous n’avons pas compris non plus le concept du Oyster Chocolate (littéralement : chocolat aux huîtres) qui, d’après la liste des ingrédients, ne contient pas d’huîtres. Nous n’avons pas osé investir dans une tablette pour vérifier si ça valait quand même le coup ;). Bref, pour les montréalais : ça ne vaut pas Juliette & Chocolat ! 😉
Enfin, à l’extrémité nord de la ville, Anderson Park présente une demeure ancienne en son centre. Rien d’exceptionnel en dehors de celle-ci : la partie forêt intégrée prétendument bush à le mérite d’exister, mais n’a rien de transcendant, de même que la roseraie. Les canards (obèses) en surnombres sont plus amusants.
Southland Museum
Le gratuit Southland Museum and Art Gallery, niché dans sa Pyramid (pyramide, accessoirement prétendument la plus large de l’hémisphère sud) présente de multiples expositions.
Tuatara
Une première exposition temporaire est consacrée aux petites îles du Fiordland. L’eau étant toujours le meilleur rempart contre les prédateurs introduits (volontairement ou non) par l’homme, certaines de ces îlots servent aujourd’hui de dernier sanctuaire à des espèces endémiques d’oiseaux. Rats, opossums, chien ou chats : les quelques pests (nuisibles) ayant réussi à accéder à ces endroits ont pu être éradiqués (pour l’instant) à temps (à grand renfort de poisons, mais ceci est une autre histoire -dont le vif débat en ce moment en NZ sur le 1080 n’est sans doute que le début…).
Galleries
Un rappel est donc effectué sur l’influence humaine en Nouvelle-Zélande, de l’arrivée des polynésiens (maoris) aux européens : éradication des espèces endémiques (29 sur 40 quand même, dont le moa chassé par les maoris pour se nourrir, puis tant d’autres avec les pests introduits par les européens) ou fortes menaces sur d’autres (kakapo, kiwi, etc) : ainsi furent brisés pas moins de 80 millions d’années (séparation des îles de la Nouvelle-Zélande du super-continent Gondwana) de développement isolé de la vie sans mammifères en seulement 500 ans.
La Maori Gallery présente des artefacts retraçant la vie des preeuropeans maoris (objets maoris datant d’avant le contacts avec les européens) : proues de waka (canoé), objets liés à la pêches ou à la musique.
Beyond the Roaring 40’s Gallery (Au-delà des quarantièmes rugissants)
L’exposition sur les 5 îles sub-antarctiques de Nouvelle-Zélande est plutôt intéressante. Aujourd’hui globalement libérées de présence humaine, les tentatives de peuplement ont toutes échouées : trop loin, trop petites, économiquement invivables. Les derniers usages ont eu lieu pendant la seconde guerre mondiale, afin de surveiller les bateaux allemands qui rodaient alentours.
Campbell Island, Antipodes Islands, Auckland Islands, Bounty Islands, Brouthton Island et l’australienne Macquarie Island sont aujourd’hui des sanctuaires uniques sur lesquels les espèces endémiques d’oiseaux peuvent toujours s’épanouir, perturbées seulement par quelques expéditions touristiques occasionnelles.
Demolition World
Nous avons fait un saut à Demolition World, sorte de mini-village historique reconstitué à partir de matériaux récupérés. On ne savait pas à quoi s’attendre, et .. vous ne le saurez pas non plus, car c’est assez indescriptible. Il faut y aller pour ressentir l’ambiance du lieu, véritable concept original devenu réel dans lequel errent quelques poules (bien vivantes). Outre les signaux routiers, pancartes, machines d’hôpitaux, quelques mannequins dans des maisons reconstituées donnent un peu de vie au lieu (mais sont aussi parfois un peu flippants ^^). La Railway Station abrite une collection de photos d’époques, et voir le Civic Theatre avec Tay Streeet en terre battue sur laquelle circulent les chevaux et les carrioles, contraste avec sa version moderne goudronnée et pleine de circulation automobiles aux multiples feux tricolores.
Cerise sur la visite : le prix, simple gold coin donation (donation). It worth it!
Bluff
La ville de Bluff, capitale de l’huître de Nouvelle-Zélande et point de départ des ferry vers la « 3ème île » Stewart Island / Rakiura, est située à 22km au sud d’Invercargill.
Le fameux Stirling Point, point de passage obligé pour tout touriste, présente sa pancarte avec quelques distances… Nous sommes donc précisément à 5 133 km de l’équateur et à 4 810 km du Pôle Sud. Le lighthouse (phare) est situé à 2 minutes à pied de là. Un autre phare, situé sur Dog Island, est visible.
Nous marchons 10 minutes le long de la promenade côtière, avant de monter en voiture sur la Bluff Hill (colline) et son prometteur lookout (point de vue). Sauf que le-dit lookout est si haut qu’il est dans les nuages ce jour-là ! Impossible donc de voir quoi que ce soit depuis l’endroit dédié à cet usage.
Tant pis, direction le camping de Bluff et l’ouverture d’une bouteille de vin qui traîne depuis trop longtemps dans la voiture ;).
Riverton
Chose prévue, chose faite ! Nous sommes retourné sur Riverton. Le village en lui-même possède un certain charme autour de son petit port niché dans le Jacob estuary (estuaire).
Mais c’est surtout grâce à la Riverton Coastal Walk, promenade d’une heure à travers le bush puis le long de la plage, que nous ne regrettons pas le trajet ! Outre les arbres unidirectionnels, importunés de longue date par le vent en provenance du large, les rochers le long de la plage et la vue vers Colac Bay sont superbes. Les moutons en abondance ajoutent une touche supplémentaire, de même que la forme que l’on devine au loin (35 km) sous les nuages qui n’est autre que Stewart Island / Rakiura.
Southland : un bilan ?
Difficile bilan du Southland / Murihiku !
Invercargill est une ville qui semble plutôt agréable à vivre, qui tente de mettre en valeur son patrimoine et ne manque pas d’attractions dans ses environs : s’il y avait du travail, nous y serions restés volontiers -preuve s’il en était, 2 comparaisons avec des lieux connus se sont glissées dans cet article !
Mettant de cotés la région dite Les Catlins, que nous ferons en remontant sur Dunedin, nous pouvons dire du Southland qu’il présente :
- de larges espaces ;
- des paysages grandioses ;
- de multiples fermes, moutons et vaches ;
- un aspect historique avec les premières implantations de colons européens tout comme de tribues maories avant eux, ainsi qu’un lieu de contacts et d’échanges entre les deux cultures ;
- un patrimoine historique avec les implantations écossaises bien visibles à Invercargill ;
- une météo estivale aléatoire et peu chaude (différentiel moyen de seulement 10°C entre été et hiver) ! ;
- mais aussi une impression de malaise, parfois, en revenant sur l’histoire : vaste déforestation et exploitation du bois natif, transformation des paysages pour y faire paître les moutons, massacre (volontaire ou non) de la faune native ;
- et enfin, l’espoir : sanctuarisation d’espaces, mise en valeur du patrimoine naturel et historique.
Si ces dernières constations sont vraies pour toute l’Île du Sud (mais nous y reviendront plus tard), elles se ressentent davantage ici, sans doute justement parce qu’ils assument davantage cette partie (sur la West Coast, les dégâts provoqués par la ruée vers l’or sont plutôt montré pour leur coté « exploit humain » et « vie dans un milieu hostile »).
Leur devise, People First, joue un peu sur l’ambiguïté sur ces sujets, entre endroit idéal pour vivre et travailler tout comme conserver un environnement sain pour les générations futures.