Après la côte ouest, la pointe nord, la côte est, et le retour à l’est, il est temps de passer au Grand Sud : le sud de Grande Terre, et donc aussi le sud de la Province Sud, et le sud de Nouméa, ville-capitale par laquelle nous terminerons notre périple.
27 mai
Direction : le grand sud. Après avoir cherché avec un succès très relatif les pétroglyphes de Païta (absolument pas indiqués, on en a deviné un de l’autre coté de la rivière en se garant dans un virage sur le bas-coté) puis subit un détour d’une heure en cherchant à passer de Dumbéa à Mont-Dore (apprenez que « Toutes Directions » est un autre nom pour « Nouméa Centre-Ville »), nous parvenons enfin à passer le col de Plum. Alors qu’un vendeur de poulet rôti se tenait sur la route tous les 5km depuis La Foa, il n’y en a désormais plus l’ombre d’un seul. À la place, de nombreux nids de poules sur la route qui mène à Prony. Malgré son état, tantôt revêtue tantôt non, la route serpente à travers des paysages somptueux de terres rouges à travers le « maquis minier » -bien que parfois défiguré par les mines, donc.
Après quelques passages à gué, nous sommes au col de Prony et ses éoliennes. Ne pas rater ensuite l’absence de pancarte vers le village désaffecté de Prony -baptisé du nom du premier bateau qui mouilla dans la baie.
Bref, malgré ces péripéties, le détour vaut vraiment le coup : d’abord dédié à la coupe du bois pour la construction de Nouméa dans les années 1860, rapidement exploité par des bagnards et transféré à la toute puissante Administration Pénitentiaire, Prony est devenu le lieu privilégié des mines de chromes dès 1882, après qu’on y ait trouvé… du cobalt, qui sera lui peu exploité. Alors que la main d’œuvre s’épuise en raison de la fin de la Transportation en 1897, le village est une première fois abandonné en 1911. Il subsiste de cette époque quelques vestiges, ainsi que la poudrière, restaurée récemment. La vie reviendra de 1952 à 1968, pour exploiter cette fois-ci du minerai de fer (3 millions de tonnes envoyées en Australie en 10 ans). À nouveau abandonné, seuls demeurent aujourd’hui vestiges et (miracle!) panneaux explicatifs sur l’histoire du lieu.
N’oublions pas d’évoquer le sentier en bord de mer qui permet de s’approcher au plus prêt de la mangrove.
Reprise de la route vers les Chutes de la Madeleine. Les 400 F de l’entrée (3,50€) vont à la restauration et surtout à la revegétalisation du site, désormais transformé en sentier botanique. La chute en elle-même n’est pas immense, mais très jolie, de même que les petites cascades de part et d’autre et, surtout, la rivière qui serpente en amont et en aval. On récolte ainsi quelques informations sur les (nombreuses) espèces de plantes endémiques de Nouvelle-Calédonie qui ont failli disparaître au profit des mines…
Il est temps de chercher où dormir, direction Yaté, et la Tribu de Touaourou pour le camping Iya, après avoir longé le lac de Yaté et le col de Yaté.
Ce soir, feu pour faire chauffer la nourriture ! Soyons locaux ! Le tout sous les cocotiers (un peu effrayants d’ailleurs, ça va faire très mal en cas de chute de noix).
28 mai
Le camping Iya ne nous plaisant pas des masses malgré les éloges que nous avions lu sur d’autres sites (sale, douche qui fuit, etc.) nous plions la tente après un petit déjeuner sur la plage devant le lever du soleil. Nous poussons jusqu’à la Tribu de Goro, et surtout la cascade de Wadiana. On la devine depuis la route, et une marche d’une quinzaine de pas suffit à l’admirer de toute sa hauteur. De l’autre coté de la route, les poules courent en tous sens, tandis que la marchande de fruits prépare son stand.
Nous repassons le col de Yaté et longeons le lac jusqu’au Parc Provincial de la Rivière Bleue. Le temps de comprendre son fonctionnement (parc divisé en 2 secteurs : rivière bleue et rivière blanche, le premier étant accessible uniquement via des navette bus -payantes, 400 F supplémentaire, sur une entrée à 400 F) et de se faire conseiller des sentiers, et nous entrons.
Nous débutons donc par le secteur Rivière Bleue afin de ne pas nous faire avoir par les horaires des navettes, qu’il faut réserver à l’avance, et à défaut d’avoir un vélo (snif…) qui serait le moyen de locomotion idéal pour profiter du parc.
1er arrêt du bus : la Forêt Noyée, du nom de ces troncs imputrescibles d’arbres noyés par la création du barrage de Yaté en 1958 et qui, aujourd’hui encore, dépassent de la surface de ce lac de 40 km².
** Pour la petite histoire, 80% de l’électricité produite par le barrage est absorbée par la société « Le Nickel », témoin que le minerai est décidément d’importance. On en pensera ce qu’on voudra. **
La forêt se densifie, il est temps de sortir du bus pour une petite randonnée d’une heure dite du sentier des 3 forêts. Impressionnante végétation, d’une densité toute aussi impressionnante.
Nous marchons ensuite jusqu’au Grand Kaori, du nom de cet arbre endémique d’environ 1000 ans qui dépasse des cimes. (Si vous avez lu nos articles sur le Coromandel en Nouvelle-Zélande, vous avez connaissance du Kauri. Ces deux espèces sont membre de la famille des Agathis -respectivement Agathis lanceolata pour la Nouvelle-Calédonie, et Agathis australis pour le nord de la Nouvelle-Zélande- et sont chacune endémiques de leurs pays, mais ont probablement un ancêtre commun datant de l’époque du super-continent Gondwana).
Nous croisons également des cagous, oiseau lui aussi endémique et symbole de la Nouvelle-Calédonie, incapable de voler malgré ses ailes, qu’il n’utilise que pour la parade nuptiale. Aujourd’hui menacé, il n’est reste plus que 1300, dont 700 dans le Parc de la Rivière Bleue. (On ne peut s’empêcher de le prendre pour le kiwi local, tant les similitudes sont nombreuses : symbole du pays, incapable de voler, menacé par les animaux introduits par l’homme et la destruction de son habitat…).
Dommage qu’il nous faille respecter les horaires des bus, il est temps de repartir..
Seconde partie : Rivière Blanche, où nous parcourons le petit sentier (20 minutes) dit du Houp Géant, du nom là encore d’un arbre endémique. Moins impressionnant quand on vient de l’autre secteur.
Nous quittons le parc pour camper juste en face, au camping des Bois du Sud. Agréable surprise ! Il s’agit d’un ancien secteur de scierie, reconverti en camping en 2009 après l’arrêt des coupes décidé par la Province Sud à la fin des années 1980. Par la même occasion, une petite ballade sympa est proposée à travers ce qui reste de forêt humide. Super camping pas cher donc, malgré la douche (très!) froide : chaque emplacement dispose de son propre faré (= abri pour manger), au bord de la rivière.
Ce soir, apéro ! Que vaut la Number One, la bière locale ? Santé !
très belles photos! très beau couché de soleil. Bisou vous deux