En longeant la côte depuis Yarmouth, les villages ne sont pas laids du tout jusqu’à Port Maitland. Plusieurs plages se succèdent également ; la pause repas se fera devant celle de Mavillette. Heureux hasard car c’est de là qu’on réalise la présence d’un phare sur le cap d’en face. 2 km de détour, on prend le risque de s’approcher !
Cap et baie Sainte-Marie
Et c’est ainsi qu’on se retrouve à Cap Sainte-Marie / Cape Saint Marys, le point le plus à l’ouest de Nouvelle-Écosse. Outre le phare des années 1960, un petit port jouxte le village. Nous sommes au point où la baie Sainte-Marie et la Baie de Fundy se rencontrent.
Un monument est érigé en mémoire des victimes de naufrage. Parmi eux les acadiens qui ont péri en mer lors du Grand Dérangement (1755-1763), du nom de cette période où l’Acadie devint britannique et où les acadiens furent déportés par les nouvelles autorités. En 1758 en particulier, pas moins de 3 navires vers l’Europe sombrèrent avec, au total, 800 personnes à bord.
Nous longeons ensuite la Baie Sainte-Marie, entre la péninsule de Digby et la terre intérieure. Les drapeaux acadiens sont très nombreux ici, et les pancartes sont toutes dans les deux langues. Il vivrait dans la zone une communauté acadienne de 9 000 personnes, francophones à 90%. Ne faisant qu’y passer, on n’a pas pu nouer contact avec les locaux pour vérifier…
Un embranchement sur la route mène à Bear Cove, petite baie sans prétention, qui vaut néanmoins le kilomètre de détour et les 3 minutes de marche.
Peu après, c’est à Gilbert’s Cove et son phare que nous effectuons la dernière halte de la journée. Une plage de galets donne accès aux eaux de la Baie Sainte-Marie.
Pour cette dernière nuitée en Nouvelle-Écosse, nous campons à proximité d’Annapolis Royal, face à la première (et seule) centrale marémotrice d’Amérique du Nord (1984).
Sur la route, au niveau de la ville de Digby, se dresse le monument dédié à Maud Lewis (1903-1970), une artiste peintre renommée dans la région. Si sa maison originelle est désormais dans un musée, un espace permet de se représenter la surface de 16m² dans laquelle elle passa la majeure partie de sa vie.
Lieu historique national de Port-Royal
Avant de quitter la province, profitons de la réouverture toute récente de l’Habitation de Port-Royal, où vécu Samuel de Champlain en 1605. Il était accompagné de Louis Hébert, personnage bien connu de la ville de Québec puisqu’il en deviendra quelques années plus tard le premier colon agriculteur.
Le site était déjà occupé depuis 5 000 ans par le peuple Mi’kmaq, avec lequel les colons français eurent plusieurs échanges, en particulier et comme ailleurs des fourrures contre des outils de fer. Ces échanges continuèrent pendant près de 150 ans, donc bien après l’abandon de l’établissement de Port Royal.
Le Lieu historique national, géré par Parcs Canada, est l’une des premières reconstitutions historiques du pays. Arrivés juste avant un gros groupe scolaire, nous n’aurons pas le plaisir de faire la visite guidée, mais on trouve des informations sur les panneaux et en ligne.
Comptoir de traite, forge, cuisine, salle de repas, salle de repos, chambre des officiers et résidence du gouverneur : la visite permet de se représenter comment vivaient les occupants à l’époque des tout débuts de la colonisation européenne.
Annapolis Royal et Digby
La petite ville d’Annapolis Royal (moins de 600 habitants) revêt un caractère historique. Outre le Fort Anne, la rue St. George et le sentier du bord de mer (Waterfront Boardwalk) méritent amplement qu’on s’y promène.
Retour de 10 km sur nos pas jusqu’à Digby : c’est de là que part le ferry pour Saint John au Nouveau-Brunswick.
Auto-proclamée « scallop capital of the world » (capitale mondiale de la pétoncle / coquille St Jacques), la ville dispose d’un petit port. Excepté la reconstitution du phare (Digby Pier Lighthouse) et une courte portion sur Water Street, l’arrêt est loin d’être un incontournable. On peut néanmoins s’y promener agréablement un instant.
Ferry Digby, NS – Saint John, NB
Nous quittons la Nouvelle-Écosse comme nous y étions arrivés : en ferry ! Malgré le tarif totalement déraisonnable de la liaison de 2h30 à travers la baie de Fundy (plus cher que le ferry reliant la province à Terre-Neuve!), on évite un détour de 580 km par la route. Admettons.
La baie de Fundy, c’est une baie qui sépare la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, et le Maine (USA). De 270 km de long sur 80 km de large, elle est connue essentiellement pour ses grandes marées, à vrai dire les plus grandes du monde avec 16 m.
C’est à 16h en ce 26 mai qu’appareille le MV Fundy Rose, nommé d’après Rose Fortune, fille d’esclaves, Loyaliste, installée dans la région d’Annapolis. Un autre personnage important de la région : elle est devenue entrepreneure à une époque où ni les femmes, ni les Noirs, n’étaient destinés à cette vocation.
Oui, enfin, la capitale de la saint-Jacques, c’est Granville, et rien d’autre ! :o)