L’Alaska Highway à proprement parler débute à Dawson Creek, BC. Venant de Jasper puis Hinton, il nous faut passer d’abord par la région de Grande Prairie avant d’atteindre le mile 0 de cette route construite en urgence durant la seconde guerre mondiale (9 mois pour aligner 1523 miles -2 400 km- de route jusqu’à Fairbanks, incluant la construction de 133 ponts, qui dit mieux ?)
De Grande Prairie, AB à Dawson Creek, BC
Avant d’atteindre Dawson Creek, nous dormons à Grande Prairie pour une dernière nuit en Alberta, après 2 semaines dans la province. Alors que nous avons quitté la zone montagneuse, nous retrouvons… les moustiques ! Ceux-là ne nous avaient pas manqués…
En ce début juillet au niveau du 55° parallèle, le soleil se couche à 22h35 et se lève à 5h25… il fait donc encore jour jusqu’à 23h15 ! Ça promet pour le Yukon ^^
On pensait traverser une zone quasi-vide entre Grande Prairie et Dawson Creek, mais plusieurs petites communautés se succèdent. Parmi elles, l’œil est forcément attiré par le castor géant de Beaverlodge !
On change d’heure une dernière fois en passant la frontière entre l’Alberta et la Colombie-Britannique. En réalité, on ne passe pas à l’heure du Pacifique comme la majeure partie de cette province de l’ouest, mais à l’Heure Normale des Rocheuses, fuseau horaire particulier observé dans cette « petite » région du nord-est de la Colombie-Britannique à la frontière de l’Alberta, du Yukon et des Territoires du nord-ouest. Bref, ils sont à l’heure de l’Alberta en hiver, à l’heure de la Colombie-Britannique en été, et à l’heure du Yukon toute l’année !
Nous passons sans nous arrêter à la zone d’inspection obligatoire des bateaux, localisée à la frontière. Nous voici dans la Province la plus à l’ouest du Canada, Beautiful British Columbia comme disent les plaques d’immatriculation. Si proche de l’Océan Pacifique, et pourtant si loin : d’abord, le Yukon nous attend !
De Dawson Creek à Fort Nelson
La ville de Dawson Creek semble plus intéressante que sa « voisine » en Alberta. C’est ici qu’au printemps 1942 débarquèrent quelques 11 000 soldats américains, assistés dans leur entreprise de construction d’une route vers l’Alaska par 16 000 civils. Les moyens mis en œuvres étaient proportionnels à la peur que le Japon s’empare de l’Alaska ! Jusqu’en 1964, c’est l’armée canadienne qui fut chargée de l’entretien, et aujourd’hui encore la route est gérée au niveau fédéral, ce qui est extrêmement rare au Canada.
Pour nous, c’est le signe qu’il ne reste plus que 1400 km avant Whitehorse, la capitale du Yukon !
Bien sûr, la route n’est plus ce qu’elle était en 1942 : plusieurs sections ont été détournées, des courbes ont été simplifiées, et des 133 ponts d’origine il n’en reste qu’un, désormais à l’écart du tracé et par ailleurs fermé le jour de notre passage.
Après Dawson Creek, les villes de Fort St-John et Fort Nelson sont autant de véritables petits centres urbains, sur des paysages assez monotones. Entre les deux, quelques campings et motels isolés, dont certains vendent de l’essence. La règle d’or a partir d’ici, c’est de faire le plein à la première station des qu’on passe sous la moitié du réservoir. En tout 5 heures de route assez longue, où l’on se relaie au volant pendant que l’autre peaufine son CV en anglais !
Les Northern Rockies
Moins de 5 km après Fort Nelson, la brume apparaît. Une brume bleue, lourde : aucun doute n’est permis, nous allons traverser le smog issu des incendies qui ravagent le pays. D’ailleurs, la route qui part peu après vers les Territoires du nord-ouest est concernée par une circulation alternée avec voiture pilote.
Nous entrons dans les Rocheuses Nord (Northern Rockies). « Conditions routières variables sur 200km. Soyez prudent. » : merci pour l’info ! Finalement, seules deux (petites) portions de gravel road et quelques trous entrecoupés de portions fraîchement refaites. Peu de nids de poules, la route est assez bien entretenue.
Premier point d’intérêt, le Stone Mountain Provincial Park. En son sein, le Summit Lake permet une halte avec vue sur le mont Summit, qui culmine à 2 014 m. Si on avait pris connaissance en amont de l’existence du parc provincial, on ne se doutait pas que le moindre de ses sentiers engageait sur des randonnées de 5 heures. Avec la chaleur, et surtout la lourdeur de l’air et le smog, on passe notre tour.
En empruntant le court sentier (500m) des Hoodoos un peu plus loin, on est frappé par la végétation qui a bien changé en quelques kilomètres ! Outre les lupins arctiques que l’on voit depuis la veille, la flore se fait plus basse. Le sol est semi-rocailleux.
Plus loin, la route longe un lac sur quelque kilomètres : nous sommes au cœur du Muncho Lake Provincial Park. Nous stoppons en bordure de route pour la pause midi. L’occasion de tremper les pieds dans l’eau et de profiter des vues sur le lac.
À peine passé Muncho Lake, le smog s’épaissit nettement et l’odeur de fumée est bien présente.
Nous stoppons malgré tout aux Liard river Hot Springs Provincial Park. Les sources chaudes de Liard River sont l’une des attractions les plus connues de la première partie de l’Alaska Highway. L’eau sort de terre entre 38 et 52 °C et alimente deux bassins, aménagés pour la baignade (prévoir 5$).
Une passerelle en bois y mène par un sentier de 700 m. On peut continuer 200 m supplémentaires pour admirer les « jardins », la végétation locale. En effet,avec une telle température, un micro-climat s’est développé autour des sources. On y trouve, outre une abondance de fougères-à-l’autruche, une espèce endémique d’escargot.
Le premier bassin est tellement chaud qu’il est presque intenable d’y rester. Le second bassin, un peu plus profond, est plus agréable : au fur et à mesure que l’on s’éloigne, une eau plus fraîche se fait sentir par le fond. Le cadre, en pleine forêt, est agréable, et la fréquentation tout à fait raisonnable ! En bonus, pas d’odeur de fumée au ras de l’eau (mais il faut aimer celle du souffre), et il fait presque bon en sortant, malgré les 27°C ^^. En hiver, l’endroit doit être assez phénoménal.
Nous pensions dormir au camping sur place, mais l’odeur de fumée est trop intense : l’incendie fait rage une soixantaine de kilomètres au nord, à proximité de Coal River. Pour une meilleure qualité d’air, nous décidons de continuer et de le dépasser.
Sur la route, nous croisons deux ours noirs qui déambulent sur le bas-coté et, quelques minutes plus tard, un troupeau de bisons qui paît de part et d’autre de l’asphalte ! Et on a bien le temps de profiter des bisons 🙂
Arrivée au Yukon
Contrairement à la frontière entre la Colombie-Britannique et le Yukon, tracée à la règle, la route serpentent selon les reliefs. Le passage entre la Province et le Territoire n’est cependant pas marqué à chaque franchissement. Deux pancartes, dont l’une ne semble plus entretenue par les services officiels, marquent la transition.
La couleur du soleil est étrangement rouge, signe que, même si on respire, la fumée est bien présente dans l’air… et on ne sera pas déçu le lendemain… On entendait depuis des semaines parler des feux de forêt à l’est au Québec et en Nouvelle-Écosse, à l’ouest en Alberta et en Colombie-Britannique, mais jamais au Yukon… Mauvaise pioche !
Watson Lake : Sign Post Forest
Watson Lake, c’est moche ! Même pour une ville-étape, ses 3 campings se divisent en l’un sans douches, les deux autres sont des parkings de gravier avec des bornes eau/électricité.
Au réveil, on est étouffés par de la cendre qui flotte en l’air. Ça n’aide pas !
Le seul intérêt de Watson Lake, c’est sa Sign Post Forest, son immense forêt de panneaux de signalisation routières, plaques d’immatriculation et autres enseignes ! Une petite partie est moins authentique et provient de boutiques souvenir ou a été construit sur place.
On est surpris par la taille, vraiment impressionnante : le titre de forêt n’est pas galvaudé. Le premier signe a été installé par l’un des travailleurs de l’Alaska Highway en 1942-43. Un recensement de 2004 a dénombré 55 000 pancartes : on n’a pas osé se lancer dans le comptage 19 ans plus tard ! Il serait estimé à prêt de 100 000.
La plupart des plaques proviennent des États-Unis, puis du Canada, puis d’Amérique du Sud. Coté Europe, les allemands sont représentés, suivi très loin derrière par les suisses et les polonais, puis enfin par les pays-bas. On a compté seulement 3 plaques françaises, il reste du travail pour le rayonnement à l’international ^^
En approchant de Whitehorse, YT
Quelques 130 km après Watson Lake, un panneau routier indique les Rancheria Falls. Jamais entendu parler, nous allons voir pour faire une petite pause et profiter de l’air libéré du smog. Une passerelle en bois de 500 m permet de se dégourdir les jambes et d’accéder à une vue sur deux petites chutes d’eau. On retrouve la forêt boréale.
La route repart une dernière fois en Colombie Britannique avant de rester définitivement au Yukon. Le smog fait son retour, même s’il est léger : deux incendies incontrôlés font rage à l’ouest et au nord-ouest de Whitehorse.
Les 300 derniers kilomètres semblent interminable. Nous longeons les eaux du Teslin Lake et, enfin, du Marsh Lake où nous stoppons juste le temps de marcher sur la plage. Whitehorse est là et semble épargnée par le smog, ouf ! Ceci étant, on s’interroge quand même : rester ou continuer ?
Gros bisou à vous les loulous et prenez soin de vous!!
On a enfin récupéré l’adresse de votre blog 🙂 Ravis d’avoir de vos nouvelles et de suivre votre voyage. Merci pour tous vos commentaires et vos photos, c’est top!
On vous embrasse.
Françoise et Bruno
Alalala les feux. C’était intense aussi à Montréal. Heureusement on l’a évité avec nos vacances en France. Je ne savais pas qu’il y en avait au Yukon. Hâte de connaître votre décision sur la suite du voyage ! Et si vous pouvez apres le Yukon, visitez Victoria (sur l’île de Vancouver) en Columbie britannique (ma préférée !)