La capitale de la province de Newfoundland and Labrador, celle que les francophones du Canada préfèrent parfois appeler Saint-Jean de Terre-Neuve (pour ne pas la confondre avec Saint-Jean au Nouveau Brunswick, St. John sans le ‘s), est peuplée par environ 110 000 habitants -une fois n’est pas coutume au Canada, la capitale est la plus grande ville de la province. Elle se trouve sur la péninsule d’Avalon, à l’extrême est de Terre-Neuve, sur laquelle réside environ la moitié des habitants de cette même province.
Elle fut fondée principalement en tant que comptoir de pêche par tantôt les anglais, tantôt les français, qui se disputaient les droits de pêche alentours, et ce dès les années 1600-1700.
Les 40 députés de l’assemblée de la province siègent dans Confederation Building, un bâtiment moderne un peu en retrait du centre-ville. Les environs de la capitale, entre phares et villages de pêcheurs, sont autant de témoins de l’histoire de la colonisation de cette province, la dernière à avoir rejoint la fédération du Canada en 1949.
Downtown St. John’s
Le centre historique de St. John’s est traversé par Water Street, Gower Street et George Street. Le port et ses nombreux navires à la fois gouvernementaux, de pêcheurs et de plaisance délimite ce quartier.
Étrange ambiance en ce premier jour de mai. Nous déambulons à travers des rues quasi fantomatiques. Heureusement, les célèbres maisons aux multiples couleurs, dites Jelly Bean row, donnent un peu de gaité en particulier sur Gower Street.
Au début de Water Street, une ancienne locomotive, un wagon postal ainsi qu’un wagon passager témoignent des heures de gloire du chemin de fer terre-neuvien.
Fort Amherst face à Signal Hill et The Battery
Sur la rive sud de The Narrow, le chenal d’accès semi-naturel au port de St. John’s, se trouve les restes du Fort Amherst ainsi que l’ancien phare. Le site offre également une vue sur la rive opposée, et donc sur le quartier construit à flanc de rocher : The Battery. Son nom provient de l’époque où s’y trouvaient les batteries de canon défendant l’accès au port. Au sommet de la colline se dresse la tour Cabot, sur le Lieu historique national de Signal Hill.
Sur la rive nord, le sentier côtier Harbourside Walk East part de The Battery pour rejoindre la tour Cabot, au sommet de Signal Hill. Compter 1,5 km et plusieurs escaliers. La vue sur le port est déjà impressionnante par temps brumeux, on imagine que quand c’est dégagé on aperçoit bien l’ensemble de la ville-basse. On distingue le phare de l’autre coté de The Narrow, et on entend surtout sa corne de brume ! 😉
Au sommet de Signal Hill, la Tour Cabot nous rappelle le rôle crucial que joua le port de St. John’s dans l’histoire de la province… et du monde ! La tour actuelle a été érigée en 1897, célébrant ainsi à la fois les 400 ans de l’arrivée de John Cabot (Giovanni Caboto) et les 60 ans de règne de la Reine Victoria. Lors de la seconde guerre mondiale, ce sont des milliers de soldats étasuniens et canadiens qui stationnaient ici afin d’assurer la sécurité des navires de ravitaillement en partance vers l’Europe, alors que Terre-Neuve était toujours sous juridiction Britannique.
On dit d’ailleurs que St. John’s a acquis son statut de capitale incontestée grâce à son port et aux nombreuses défenses qui l’entourait.
Cape Spear, phare(s) le(s) plus à l’est du Canada
À seulement 16 km de St. John’s se dresse Cap Spear, le point le plus à l’est de l’Amérique du Nord.
Bien que fermé en cette saison, les extérieurs du Lieu historique national du Phare-de-Cap-Spear sont libres d’accès. Diverses pancartes retracent les moments forts du secteur : la construction de l’ancien phare, son remplacement par le phare moderne, et surtout le rôle crucial joué ici durant la Seconde Guerre Mondiale. En effet, alors que le port de St. John’s était une escale aussi indispensable que dangereuse pour les navires partant ravitailler l’Europe, les opérateurs des batteries militaires installés au Cap Spear devaient surveiller les environs pour défendre ces mêmes navires. Tout en sachant qu’une bonne partie d’entre eux seraient torpillés par les U-Boot allemands dès qu’ils seraient sortis de leur champ de vision…
Le phare historique, bâti entre 1832 et 1836, est le plus ancien phare encore debout de la Province. Il est ainsi l’une des premières réalisations décidées par le premier gouvernement de la colonie de Terre-Neuve, en 1832. Il faut dire que c’est la période où l’on a commencé à s’installer véritablement à l’année sur ces territoires, jusqu’alors jugés bien inhospitaliers et seulement aptes aux saisons de pêche.
Bien que le vent soit un cran moins fort que les jours précédents, on fini par congeler sur place quand même. Et après une heure à s’extasier de la hauteur des vagues qui viennent se fracasser en contrebas, les embruns ont définitivement rendu la vision à travers une paire de lunettes bien compliquée…
Petty Harbour
Non loin de Cape Spear, logé dans Maddox Cove, se trouve le joli petit village de Petty Harbour. Le port est l’âme même du lieu. Les pêcheurs sont bien au travail et finalisent la confection de leurs pièges.
Au sommet de la colline, la vue vaut bien les 2 minutes de marche ! Coté mer, les vagues sont coupées net par les portes d’accès au port intérieur.
Quidi Vidi
Il faut parcourir moins de 5 km en direction du nord de St. John’s pour atteindre la banlieue de Quidi Vidi. Son attrait principal, ce n’est pas sa brasserie (même pas !) mais bien les quelques maisons de pêcheurs nichées à flanc de falaise, accessibles uniquement par la mer.
Pour la première fois depuis notre arrivée à Terre-Neuve, on va émettre un léger bémol : oui, sans aucun doute, c’est joli. Oui, c’est bien un minuscule village de pêcheur, qui plus est à l’aspect historique incontesté puisque occupé dès le XVIIè siècle. Cependant, contrairement à tous les autres villages de pêcheurs qu’il nous a été donné de parcourir dans la province, celui-ci ne nous semble absolument pas authentique, et les maisons huppées du quartier environnant en conviendront sans doute. Après tout, on est là sur un site touristique qui jouxte la capitale, comment reprocher cette évolution ?! 😉
Pour autant, ne pas hésiter à monter sur la falaise derrière les maisons : le sentier se parcours en moins de 15 minutes et offre une vision différente.
Un avis ?
Difficile de se forger une opinion sur St. John’s et ses environs en seulement 3 jours. Un premier ressenti pas forcément positif, avec une ville qui semblait fantomatique de prime abord. La météo n’aidant pas (le vent ne sera pas descendu en dessous de 30km/h et le brouillard, bien que créant une ambiance intéressante, aura été de la partie tous les jours), nous avions l’impression d’avoir abandonné ce charme des petits villages qui fait la beauté de Terre-Neuve.
En creusant davantage, on se rend compte que de nombreux sentiers de randonnées partent de la proximité immédiate de la ville, que les quartiers colorés des deux cotés du port sont probablement agréable à vivre, et que les habitants sortent bien dans les bars écouter de la musique. Nous avons choisi l’un des nombreux pub irlandais pour notre dernière soirée, O’Reilly’s Irish Bar, qui propose des excellents burgers à l’orignal (pour tester la nourriture locale) ou végétaux (pour se détacher des méthodes de production de viande au Canada).
Les townie (habitants de St. John’s) sont bien des newfies (habitants de Terre-Neuve) à part entière.
Et pour la petite histoire, sachez que les blagues sur les newfies au Québec (et paraît-il l’Ouest Canadien) sont un peu l’équivalent de nos blagues belges en France. Pas fondées, pas toujours drôles, mais il faut bien une victime !