Regard sur une expérience de vie en Aotearoa

fougère Te Mawhai Regional Park

Il est temps de rédiger quelques impressions à vif, sur place, « proudly made in New Zealand » comme l’afficherait un commerçant local.

On aurait pu compter…

On aurait pu compter les kilomètres parcourus. On aurait pu compter les gens rencontrés et faire des pourcentages sur leurs nationalités. On aurait pu compter le nombre de HelpX et de boulots. On aurait pu recompter le nombre de lieux différents où nous avons passer des nuits, compter le nombre de jours exacts passés ici, ou compter l’argent dépensé. Mais qu’est-ce que ça aurait voulu dire ? Probablement compterons-nous plus tard, quand nous n’aurons plus rien à dire, par curiosité et pour faire comme on nous a toujours appris. D’ici là, nous pensons que le nombre ne fait pas l’expérience. Nous pensons que chaque petit pas dépend directement du pas précédent et affectera le pas suivant. C’est d’ailleurs pourquoi on préfèrera parler de regard en arrière plutôt que de bilan, qui serait un mot bien trop réducteur. (signe d’une autre manière d’appréhender la chose, nous assumons bien sûr notre bilan en partie chiffré de l’Île du Sud rédigé en mars dernier)

one lane bridge
Peut-être même aurait-on pu essayer de compter les One Lane Bridge ?

Une expérience, donc. Ou plutôt des expériences.

Des découvertes, de l’immersion, une adaptation à une culture à la fois similaire à la nôtre mais pourtant aussi différente. Tâtonner pour trouver des repères. Prendre des habitudes pour aussitôt les oublier (le pire aurait été d’installer une routine !).

En fait, la peur du retour, c’est que tout ce temps passé à s’immerger dans la culture locale, à comprendre son fonctionnement, à apprendre son histoire, semblent soudain être un détail dont on ne saura que faire. Ce serait pourtant une erreur de le croire, car c’est ce qui permet, finalement sans s’en rendre compte, d’apprendre à penser différemment.

Le pays de la tolérance et de l’ouverture

En fait, le vrai point fort en Aotearoa Nouvelle-Zélande, c’est que personne ne se permet jamais du juger personne sur ses habitudes vestimentaire. Et c’est sans doute l’une des choses qui nous manquera le plus.

Les gens peuvent être pieds nus partout, y compris dans la rue ou dans les magasins, sans que cela ne choque personne le moins du monde. À l’opposé, il est légion de se baigner en T-shirt à la plage comme en piscines. C’est bien simple, vous vous habillez comme vous voulez dans les circonstances que vous voulez.

Un exemple : vous voulez travailler en service dans un restaurant ? La seule exigence vestimentaire de votre employeur sera que vous ayez des chaussures intégralement fermées : bienvenue aux baskets ou aux chaussures de marche. Dans le pire des cas, il pourra exiger un code couleur.

statue kiwi drapeau
Un kiwi géant avec le drapeau, l’un des symboles de Kiwiana (Otorohanga)

Le Kiwi est toujours curieux de connaître votre parcours. Il est ainsi rare qu’on ne vous demande pas d’où vous venez et depuis combien de temps vous êtes en Nouvelle-Zélande lorsqu’on vous adresse la parole. De même, dans les supermarchés, on ne dit pas « hello » (bonjour), mais « hi, how are you / how was your day / busy day? » (salut, comment ça va / comment était ta journée / journée chargée ?). Bien sûr que le caissier ou la caissière se contre-fou de la réponse, mais pour donner une idée, c’est ainsi qu’on parle à son prochain ici. De même, éviter want (je veux) au profit de would (je voudrais), ceci étant valable même pour un employeur qui vous donne un ordre. Ça n’a l’air de pas grand chose, mais ça parait immédiatement brutal.

route
Tracer sa route… (Forgotten World Highway)

Et l’anglais ?

Forcément, en partant en couple, l’apprentissage de l’anglais est plus long et laborieux que seul. Mais ça permet de rester plus longtemps sans paniquer aussi ;). Bref, une fois fait abstraction de l’accent Kiwi (fush und chups, go to bid, iggs, turn lift, etc…) on parvient à peu prêt à communiquer avec les locaux. Même si nous avons croisé la route de davantage de français, allemands, tchèques, américain, japonais, suisses, philippains ou thaïlandais que de Kiwis.

Les quelques spécificités locales sont aussi vite assimilées : capscicum au lieu de pepper pour le poivron par exemple ou « EFTPOS please » (« paiement par carte s’il vous plait »- si si ça se prononce bien), mais aussi kiwifruit ou lieu de kiwi si vous ne voulez pas qu’on vous prenne pour le mangeur d’un oiseau en voix de disparition -vocable qu’on ne pourra malheureusement plus utiliser ailleurs sans être incompris.

Ce qu’on n’aura jamais réussi à bien prononcer avec l’accent local : « Poste Restante » (pour se faire envoyer du courrier en bureau de poste), « croissant » (tentez un clooosaaaan, ça peut passer), ou « bon appetit ».

tsunami evacuation zone
Ce n’est pas parce qu’on n’a rien compris qu’il faut fuir ! (Tsunami Evacuation Zone, Cooks Beach)

Culture occidentale en pays Maori

Le maori a beau être une langue officielle du pays au même titre que l’anglais et le langage des signes, on sent bien qu’on vit dans un pays anglo-saxon. Oh, on n’est évidemment pas ici aux États-Unis : les accidents sont pris en charge par une assurance publique et l’école est gratuite. Mais on a quand même un terrain de golf dans chaque petit village, et la présence de tous les grandes chaînes bien connues de fast-food. Avec cependant, pour la nourriture en particulier, un apport asiatique loin d’être négligeable (et heureusement, parce sans ça, bienvenue au pays de la malbouffe).

Tant qu’on parle d’incompréhensions culinaires , outre la petite fille qu’on empêche de manger sa saucisse avant qu’elle n’ai finie ses céréales, voici : « I prefer Vegemite, Marmite is too sweet » (Crian d’un HelpX) (Je préfère la Vegemite, la Marmite est trop sucrée -la Vegemite étant l’équivalent australien de la Marmite locale, une pâte de levure qu’on tartine sur un toast et qui sent le vinaigre). Une autre « blague » culinaire : « You guys like a french sausage, saucisson : it is so disgusting ! » (l’hébergeur de notre acheteur de voiture trouvant que le saucisson est une sorte de saucisse infecte). On n’osera pas dire que leurs saucisses sont simplement infectes et donnent la nausée rien qu’à la cuisson (mais ils pensent la même chose des notre) -excepté les frankfurters, les saucisses de Frankfort.

Sinon, il y a des choses très bonnes aussi, comme les Afghans, sorte de cookies au éclats de maïs, le succulent miel de Manuka (quand on en trouve en honesty box à un prix raisonable), le chocolat local (Whittakers et Cadbury) les bières locales, certains vins, ou certaines pie. Mais on ne va pas réécrire notre article consacré aux courses !

Peut-être peut-on préciser cependant que les stations essence ici sont aussi vendeurs de lait, souvent de café, et parfois de nourriture (type pie).

En parlant du café… s’il y bien une particularité ici, c’est la préparation du café ! Véritable institution quasi-sacrée, si l’on ne dispose pas d’une formation de barista et d’une très solide expérience de plusieurs années, il est impossible d’espérer servir un café, où que ce soit. Dommage pour nous, simples backpackers : personne ne vous formera si vous ne restez pas au moins 6 mois ;).

voiture
Le mounga sacré au pays du tout-voiture (Taranaki depuis la Forgotten World Highway)

Une ville où vivre ?

Sur le podium des lieux ou vivre : Dunedin, New Plymouth / Taranaki, Oamaru. Puis viendraient Wellington, Nelson ou Gisborne. Ou bien Golden Bay ou les Catlins si l’on cherche la vie en pleine nature.

Dunedin pour son style écossais et l’ambiance, New Plymouth ou pas loin pour profiter du majestueux mounga Taranaki, Oamaru pour sa taille raisonnable et son emplacement idéal tout en ayant un coté historique, Nelson mais on ne sait pas trop pourquoi, Gisborne pareil mais pour sa proximité avec East Cape.

maison nelson
Vivre en ville au pays des fougères ? (Nelson)

Le vrai avantage en Nouvelle-Zélande, c’est qu’on a l’impression que tout est possible. Le brassage culturel permet d’apporter sa petite french touch en Aotearoa (au pays du long nuage blanc) en en faisant un atout plutôt qu’un handicap. Pour Olivier, s’il fallait rester, le boulot serait tout trouvé : à coup sur le food truck de french crepes.

Un lieu pour ses vacances ?

Nos lieux de prédilection pour passer des vacances sublimes au plus prêt de la nature ? Catlins Coast, Aoraki Mount Cook National Park, Cape Reinga & Spirit Bay (mais toute la côte est du Northland également), ou d’East Cape à Tolaga Bay. Et, si l’on n’y vit pas, la région de Taranaki bien entendu !

À faire à vélo une prochaine fois (Olivier) : de Whakatane à Gisborne via East Cape, le tour du Taranaki, le Alps2Ocean de Aoraki Mount Cook Village à Oamaru.

vélo east cape
La prochaine fois, à vélo ? (East Cape)

Mais si vous attendez qu’on vous dise où vous prélasser sur la plage, vous êtes tombés sur les mauvaises personnes 😉

Les objets du quotidien qui nous manquent

  • Le robinet avec mitigeur : ici, soit vous vous glacez les mains, soit vous vous lez brûlez. Le mitigeur semble n’avoir fait son apparition que récemment, puisqu’on n’en trouve que sur les équipement flambants neufs.
  • De même pour la machine à laver : déjà, elle ne chauffe pas l’eau elle-même et dépend directement de l’arrivée d’eau chaude -donc la plupart des machines se font à l’eau froide en camping (mais la lessive est adaptée), mais surtout les machines à tambour à l’européenne semblent tout à fait récentes : la plupart des machines broient remuent le linge avec des pâles intérieures, n’en déplaise à l’état des vêtements à la sortie. Avantage : les machines durent 30 minutes.
  • Les éponges pour la vaisselle semble rares également. On en trouve en supermarché, mais rarement dans les logements, campings, ou autres. À la place, on dispose souvent de brosses à manche. Ceci dit, à propos, on n’osera pas généraliser mais nous avons rencontré pas mal de gens qui ne comprennent pas pourquoi l’on rince la vaisselle…

Puisque tout n’est pas parfait

Quelques aberrations locales qui nous gênent un peu : la politique de pest free qui consiste à inculquer aux enfants dès leur plus jeune âge la haine absolue de l’oppossum (et la frénésie de shoot d’opposum sur les routes qui en découle), le (non) recyclage des déchets en-dehors des grandes villes, l’agriculture intensive pour exporter la majorité des produits et donc proposer des tarifs exorbitants pour le marché local.

Si le Kiwi est généralement honnête, la contrepartie peut nous sembler violente vu de France : par exemple, il est tellement aberrant de frauder que la sanction est immédiate : en cas de vol, attendez-vous à voir apparaitre votre photo sur les réseaux sociaux et dans les supermarchés de la ville… (quant aux amendes, elles sont tout de suite réellement dissuasives, on atteint rapidement quelques milliers d’euros pour certaines incivilités).

La différence entre ville et campagne peut aussi être flagrante, comme dans l’accès à la culture : superbes musées gratuits à Wellington, Dunedin, Invercargill, contre minuscules musée très chers dans les villages éloignés (quant à la non-disponibilité de la téléphonie mobile dans les zones reculées, on en pensera ce qu’on veut de notre point de vue de français qui voulons que tout le monde ai droit à la même chose, mais franchement, dans ce cas précis, c’est pas un mal ! 😉 )

5 dollars NZ
On a beau présenter le coté idyllique, l’argent n’était pas infini… (billet de $5)

Quid du mal du pays ?

Fait amusant : si une partie des français rencontrés ici sont venus simplement car ils en « avaient marre de la France » (mais la plupart de ceux qui disent ça passent le plus clair de leur PVT dans la gigantesque ville d’Auckland), ce n’est absolument pas notre cas. Parfois, surtout les 5 premiers mois, le mal du pays faisait quelques apparitions (de courte durée, et rarement tous les deux en même temps, ouf !). Pourtant, pour Olivier, la tendance s’est inversée courant juin, jusqu’à même -si ça avait été possible- envisager, pourquoi pas, de rester ici. Forcément, puisque le plan initial était de ne pas rester, et que les plans sont faits pour être changés !

Ce qu’on changerait si c’était à refaire ?

  • Le contenu de la valise ! Davantage de vieux T-shirt, moins de chemises (totalement inutiles ici), pas de chaussures de ville (tout autant inutiles, sauf peut-être à Wellington, y compris pour bosser dans la restauration) ;
  • la recherche de boulot : s’y prendre différemment dès le début. Facile à dire, mais quand on est arrivé, on n’était clairement pas doués (mais c’est aussi ce qui a impliqué la suite de notre voyage, qui sait ce qui se serait passé si nous avions trouvé un job à Napier en novembre ?) ;
  • les économies sur le matériel : au début, rien ne sert d’être indécis sur un duvet ou un réchaud : il faudra de toute façon les acheter, alors autant le faire tout de suite ;
  • ne RIEN planifier autre que la première semaine : de toute façon, tous les plans tombent à l’eau, et un plan qui tombe à l’eau c’est une mini-déprime ou une remise en question inutile : autant s’épargner ça ;
  • Mine de rien, on ne peut pas se plaindre : on est vraiment satisfaits de notre voyage, et changer la moindre des choses aurait eu des conséquences imprévisibles ! Ne pas faire notre HelpX sur Buller Gorge, et notre noël n’aurait pas été pareil ; ne pas faire celui sur Coromandel et nous n’aurions pas vu Taranaki de la même façon. Passer plus de temps sur l’île du sud, et nous ne rencontrions pas les mêmes personnes durant le kiwifruit picking… C’est une bonne leçon, nous pensons, pour ne pas toujours remettre en cause ses choix et ce qui s’est passé : tout finit par s’imbriquer et autorise à rebondir, pour peu que l’on ne s’apitoie pas sur son sort.
flax kaikoura montagnes
Ce qui fane finira par repousser ! (flax en hiver à Kaikoura)

Le mot de la fin ?

Le plus important, et ce dont nous sommes le plus fier, c’est qu’on a vécu notre PVT comme bon nous semblait. Au début, on est tenté de regardé l’expérience du voisin, de comparer, de préférer avoir fait ceci comme lui ou cela comme tel autre. Tout est évidemment toujours perfectible, mais c’est NOUS qui avons construit NOTRE voyage, fait comme bon nous semble, et nous pensons que c’est là l’essentiel. Les mauvais souvenirs se sont déjà transformés en blagues, et les bons souvenirs resteront gravés un long moment dans nos manières de fonctionner et de voir la vie…

pancarte route tatapouri
À nous de construire la suite ! (Tatapouri, Gisborne)

Notre challenge désormais ? Accepter de nous lever le matin en sachant à l’avance où l’on dormira les 2 prochaines nuits.

Il sera une fois…

3 commentaires sur «Regard sur une expérience de vie en Aotearoa»

  1. coucou les aventuriers!!! vous avez vécu votre voyage a votre guise; vous avez découvert une autre culture toute en nous la faisant partager, expérience inoubliable pour vous , toujours de beaux commentaires et de très belles photos que nous avons partagés avec vous .Riche de culture,et une très belle moralité . vous avez su toujours garder le sourire et la joie de vivre c’ formidable, ne changer rien et resté humble comme vous l ‘êtes.Gros bisous à vous deux

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